Les sociétés savantes sont unanimes : il n’existe aucune preuve solide de l’efficacité thérapeutique des produits homéopathiques.
L’Académie nationale de médecine est elle aussi entrée dans le débat sur l’efficacité de l’homéopathie. Questionnée sur l’aspect scientifique par le conseil de l’ordre des médecins, l’Académie nous a indiqué avoir confirmé vendredi 18 mai sa position, qui est la même que celle exprimée en 2004 : il s’agit d’une « méthode imaginée il y a deux siècles à partir d’a priori conceptuels dénués de fondement scientifique ».
L’homéopathie, dont le nom est issu des mots grecs homoios (« semblable ») et pathos (« maladie »), repose sur le principe de soigner par ce qui est semblable à la maladie. Cela consiste en des dilutions extrêmes d’une substance active, au point qu’il n’en reste plus ou quasiment plus.
Une approche qui ne convainc pas les sociétés savantes. En septembre 2017, le Conseil scientifique des académies des sciences européennes (Easac) avait rendu un rapport accablant, jugeant qu’il n’y avait « aucune preuve solide de l’efficacité des produits pour traiter les maladies, ou même les prévenir (…), même s’il y a parfois un effet placebo » – un effet bénéfique d’origine psychologique, omniprésent en médecine. Même conclusion que celle rendue deux ans plus tôt par le National Health and Medical Research Council (NHMRC) en Australie, après analyse de plus de 200 études datant de moins de vingt ans et portant sur 55 pathologies différentes. « On est dans le monde de la croyance », résume le professeur de pharmacologie François Chast.
Pas d’efficacité pharmacologique
Un mauvais procès, selon le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF), qui avait contesté le rapport de l’Easacet rappelé une étude épidémiologique financée par le laboratoire Boiron, l’étude EPI 3. Mené entre 2005 et 2012 sur près de 8 600 patients au sein de 825 cabinets de médecins généralistes aux pratiques variées (conventionnelle, homéopathique, mixte), ce travail montrait notamment que les médecins homéopathes prescrivaient moins de médicaments à l’origine d’effets indésirables notables (psychotropes, anti-inflammatoires non stéroïdiens…) sans perte de chance potentielle pour le patient. Pour le SNMHF, c’est aussi un moindre coût pour l’Assurance-maladie.
Une affirmation qui semble invalidée par une étude conduite en Allemagne publiée en 2015 dans PLoS One. En examinant les dépenses de santé de 44 500 personnes, il ressortait que celles qui utilisent l’homéopathie ont des coûts plus élevés que celles qui n’ont recours qu’aux soins conventionnels.
En faisant une recherche avec le terme « homeopathy » sur la base Pubmed, on trouve 589 références depuis 2011. Sur ce corpus, « les articles scientifiques sérieux vont dans le même sens, souligne le professeur Vincent Renard, président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE). En fait, hors lien d’intérêt, qu’il soit d’ordre professionnel, financier ou religieux, il est évident qu’il n’y a pas d’efficacité pharmacologique. Le débat est tranché depuis longtemps ».
Le rapport de l’Easac indiquait que l’homéopathie pourrait « même avoir un effet nocif », en termes de perte de chance ou de retards de traitement. Là encore, ces éventuelles pertes de chance sont réfutées par le SNMHF pour qui « les médecins homéopathes sont avant tout des médecins » à même de « faire un choix éclairé sur le traitement à dispenser après un diagnostic et un pronostic rigoureux ».
« L’homéopathie se développe parce que nous savons que ça marche, mais nous ne savons pas comment », affirme Christian Boiron. Pour mieux se faire comprendre, le patron du laboratoire mondialisé n’hésite pas à dessiner sur un tableau blanc le « mur de molécules », au-delà duquel se jouerait l’action de l’homéopathie, à invoquer la physique quantique, persuadé que le secret de cette médecine réside quelque part dans l’infiniment petit. Paradoxe, malgré cette faiblesse scientifique, le public adhère en nombre…
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