Quels critères peuvent contribuer à prédire la durée probable d’un séjour en hôpital psychiatrique ? Réalisée dans l’un des 57 hôpitaux psychiatriques de 5 pays d’Europe concernés par le projet COFI[1] de la Commission Européenne (Allemagne, Belgique, Italie, Pologne et Royaume-Uni), une étude prospective de cohorte cherche à établir les principaux facteurs associés à la longueur prévisible d’une hospitalisation en psychiatrie.
Cette enquête porte sur environ 7 000 patients hospitalisés entre le 1er Octobre 2014 et le 31 Décembre 2015, à un âge moyen d’une quarantaine d’années (variant de 40,6 ans au Royaume-Uni à 47,1 ans en Italie). La durée moyenne d’hospitalisation va de 17,9 jours en Italie (où les effets de la loi 180[2] de 1978 plaidant pour une prise en charge extra-hospitalière des malades mentaux restent donc toujours perceptibles) à 55,1 jours en Belgique.
Les auteurs mettent en évidence divers facteurs associés à une plus longue hospitalisation : l’absence de domicile fixe (homeless), la médiocrité des revenus (se résumant souvent à des prestations sociales, analogues à l’allocation aux adultes handicapés en France), l’isolement social, un diagnostic de psychose, une sévérité plus marquée des troubles, une notion d’addiction à une substance, un antécédent d’hospitalisation en psychiatrie, et enfin un contexte d’internement sous contrainte (being involuntarily admitted).
Influences variables en fonction des pays
Plusieurs de ces facteurs prédictifs présentent une « interaction significative » avec le pays considéré, autrement dit la prévisibilité induite par un même facteur n’a pas une portée identique, en fonction de chaque pays, et l’incidence des critères observés sur la durée d’hospitalisation peut varier, selon les différents contextes. Ainsi, bien que certaines variables prédictives (liées à la sévérité clinique et à la désinsertion sociale) auraient « une pertinence générale », des études nationales plus poussées sur les durées d’hospitalisation sont nécessaires pour comprendre « l’influence complexe des différentes caractéristiques des patients sur le tableau clinique dans chaque type de contexte. »
[1] COFI : COmparing policy framework, structure, and cost-effectiveness of Functional and Integrated systems of mental heath care : Comparaison du cadre politique, de la structure et du rapport coût/efficacité des systèmes fonctionnels et intégrés de soins en santé mentale : http://somapsy.org/fr/le-projet-cofi-analyse-comparee-des-systemes-fonctionnels-et-des-systemes-integres-de-sante-mentale-selon-le-cadre-politique-et-structurel-et-les-criteres-defficacite-et-de-rentabilite/
Dr Alain Cohen
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