| 12.04.2018
Crédit Photo : BFM/RMC
Invitée ce jeudi matin de la matinale RMC/BFM TV, Agnès Buzyn a fait le point sur plusieurs chantiers sensibles, à l'exception notable du tiers payant, passé sous silence.
La ministre a été interrogée directement sur l'homéopathie, qui continuera à être remboursée par l'assurance-maladie, a-t-elle assuré, même si c'est « probablement un effet placebo ». « Les Français y sont attachés, si cela peut éviter le recours à des médicaments toxiques, je pense nous y gagnons collectivement. Voilà, ça ne fait pas de mal ! » Parmi les médecines non conventionnelles, « aujourd'hui, c'est la seule qui sera remboursée », a-t-elle insisté.
Dans une tribune publiée par « le Figaro » le 19 mars, des médecins s'en étaient pris avec virulence à l'homéopathie. D'autres praticiens favorables, eux, à l'homéopathie ont répliqué en portant plainte devant l'Ordre des médecins contre les principaux signataires.
Tenir la promesse du reste à charge zéro
Interrogée par le journaliste Jean-Jacques Bourdin sur l'engagement de campagne d'Emmanuel Macron de mettre en place un « reste à charge zéro » en optique, dentaire et en soins audioprothétiques avant 2022, la ministre de la Santé a confirmé le cap : « Nous allons tenir cette promesse. » Le calendrier de mise en œuvre de la réforme sera annoncé « en juin ». Les premières annonces concerneront « probablement » le secteur dentaire, au regard des négociations bien avancées, a-t-elle détaillé. « Les chirurgiens-dentistes seront mieux payés sur les soins conservateurs » pour rééquilibrer leur activité, trop largement financée par les soins prothétiques. Les nouveaux tarifs seront « évolutifs » et renégociés « d'année en année », a ajouté la ministre de la Santé.
Le chantier sur l'optique est « plus compliqué » car impliquant la nécessaire réorganisation des opticiens, « très nombreux » sur le territoire, a-t-elle confessé avant de commettre un nouveau lapsus – que les ophtalmologistes apprécieront – sur la prescription des lunettes « par les opticiens », avant de se reprendre. Des annonces seront faites sur le volet optique « sur deux ou trois ans ». Les Français auront le choix entre un panier de soins remboursé sans avance de frais et d'autres modèles « ou des choses plus sophistiquées ». Pas de montures Chanel gratuites pour tous, donc.
Quant à l'audioprothèse, « principal problème » d'accès aux soins des Français, Agnès Buzyn a rappelé que 40 % des Français ne s'équipent pas « parce que c'est trop cher ».
Pour compenser une éventuelle hausse du prix des contrats mutualistes, l'assurance-maladie « mettra de l'argent pour rembourser les soins » dans ces trois champs médicaux.
Médecine de ville et soins non programmés
Agnès Buzyn a aussi illustré par l'exemple sa volonté de « repenser » la place de l'hôpital dans le système de santé : « Aujourd'hui, l'hépatite C se soigne en six semaines par des comprimés oraux. Ce secteur doit se réorganiser, voire fermer des lits. Mais c'est l'inverse pour les soins de suite et de réadaptation. »
Elle a évoqué plusieurs raisons qui expliquent l'engorgement des urgences. Il y a d'abord un « problème d'annonce » qui crée des situations ubuesques où les patients viennent aux urgences « pour renouveler une ordonnance ». « La médecine de ville doit prendre sa part sur les soins non programmés », a-t-elle ajouté, sans davantage de précisions. Il y a aussi les épidémies comme la grippe. À ce titre, les Français doivent se montrer « responsables » : « Arrêtons de pleurer sur les urgences et vaccinons-nous », a jeté la ministre.
Pour éviter que des personnes âgées ne se retrouvent sur un brancard aux urgences, Agnès Buzyn a évoqué la présence accrue d'infirmières de nuit dans les EHPAD (mesure financée dans le dernier budget de la Sécu), la télémédecine « pour diagnostiquer un problème très précocement » et l'envie de « faciliter l'accès de ces patients directement dans les services spécialisés sans passer par la case urgences ». Comment ? « Avec un nouveau logiciel de gestion des lits que nous allons mettre en place », a-t-elle précisé.
La feuille de route sur l'épineux dossier du financement des EHPAD sera présentée « fin avril ». « Nous sommes en train de trouver une solution », s'est félicitée la ministre.
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