Un SMS sans faute d'orthographe, oui, ça existe.
Photo Lionel Bonaventure. AFP
Selon les premiers résultats de la recherche scientifique, il semble que les élèves qui passent leur soirée à s’envoyer des messages sont aussi ceux qui s’en sortent le mieux en orthographe.
«Cc lisa sv ? Moi sv hyper tro bien. Jesper ke tu passes de bonne vac ac ta famille.»Parents et autres coincés, on ne hurle pas, on se détend. Oklm («au calme»), textoterait-on. Le langage SMS, Snapchat ou autre réseau social ne ruine pas l’orthographe, ni la grammaire. Selon les premiers résultats de la recherche scientifique, il semble que les élèves qui passent leur soirée à s’envoyer des messages sont aussi ceux qui s’en sortent le mieux en orthographe. Les SMS présentent même un intérêt pédagogique : «Ils peuvent constituer un support intéressant de réflexion en orthographe, ils mettent en effet en évidence, en les exacerbant, divers lieux de difficulté (la pour "l’a", "tas" pour "tu as" ou encore les hésitations sur les sons en "é"» écrit Marie-Claude Penloup, professeure à l’université de Rouen, récemment auditionnée par le Conseil national d’évaluation des politiques scolaires (Cnesco).
Cette instance indépendante a mené ces derniers mois un gros travail pour répondre à cette question : comment apprendre aux élèves à écrire et rédiger ? Premier constat établi par le Cnesco : si l’écrit est un moyen de communication central dans la vie perso des gamins d’aujourd’hui, ils rédigent trop peu en classe. Et quand ils écrivent, c’est souvent pour être évalués. Ce qui plombe tout plaisir… Avec des conséquences en cascade. «Cette difficulté d’écriture se répercute sur les apprentissages dans les autres disciplines», insiste le rapport. Une étude du ministère de l’Education, menée en 2012, montrait qu’en histoire-géo, 60 % des élèves de troisième ne savaient pas rédiger un texte cohérent à partir d’une liste de mots donnés…
Au rayon des solutions, Jean-Paul Bronckart, professeur honoraire en didactique et qui présidait le jury du Cnesco, recommande aux politiques d’appuyer sur pause : «On assiste à une succession de recommandations officielles, sans se laisser le temps d’évaluer les programmes.» Deuxième préconisation : mettre le paquet sur la formation des professeurs. Aujourd’hui, 40 % des enseignants de CM2 disent n’avoir reçu aucune formation spécifique. Ils sont nombreux pourtant à se décarcasser en classe, et à tenter des nouvelles pratiques. Les SMS sont une porte d’entrée. Les réseaux sociaux aussi, parfois. Comme Twitter qui, parce qu’il oblige à écrire avec un nombre de signes limité, peut être un outil intéressant. «Ce qu’atteste aussi la recherche, c’est l’importance d’écrire pour être lu. Quand les élèves savent que leurs écrits vont être publiés, leurs performances s’améliorent», insiste Nathalie Mons, la présidente du Cnesco.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire