| 05.10.2017
Une équipe française (équipe de psychiatrie translationnelle de l'INSERM U955, à l’institut Mondor de recherches biomédicales de Créteil) a mis en évidence un variant génétique associé à la fois aux troubles bipolaires à début précoce et à la schizophrénie. Les résultats sont publiés dans « The Journal of Neuroscience ».
SNAP25 (pour synaptosomal associated protein) est une protéine essentielle dans la neurotransmission. Or, « le polymorphisme dans le promoteur du gène codant pour SNAP25, rs 6039769, est associé aux formes précoces de troubles bipolaires », précise Stéphane Jamain, l'auteur principal de l'article, qui revient pour « le Quotidien » sur cette découverte. Les chercheurs ont aussi constaté que ce variant était associé avec une augmentation du risque de schizophrénie.
« Ce polymorphisme augmente le risque de façon assez faible en fait : avec 30 % d’augmentation par rapport à la population générale, on passe de 1 % à 1,30 %, mais on sait que le risque de développer une schizophrénie augmente avec l’accumulation d’un grand nombre de variations de ce type »,précise le chercheur.
« Nous avons étudié ce polymorphisme in vitro et constaté que ce changement d’un nucléotide augmentait de 30 % l’expression du gène, expliquant l’augmentation d’expression précédemment observée post-mortem dans le cortex préfrontal des sujets porteur de cette variation. »
Déséquilibre du ratio entre deux isoformes de SNAP25
Dans cette étude, les chercheurs ont de nouveau étudié, post mortem, des échantillons de cerveau de 33 patients schizophrènes (30 contrôles) et ont constaté un déséquilibre du ratio entre les deux isoformes de SNAP25 chez les patients portant l’allèle à risque, ratio qui normalement change au moment de la puberté chez la souris. « Ce qui est important quand on sait que les troubles bipolaires à début précoce et la schizophrénie sont des maladies du jeune adulte, souvent déclenchées au moment de la puberté », poursuit Stéphane Jamain.
Les chercheurs ont aussi exploré par imagerie le cerveau de patients bipolaires ou de sujets contrôles (dans une cohorte de 71 sujets). Ils ont observé chez les porteurs d'un génotype à risque, une augmentation de la connectivité entre l’amygdale et le cortex préfrontal ventro-médian ainsi que chez les hommes, une augmentation de la taille de l’amygdale.
« La schizophrénie et les troubles bipolaires ont une forte composante génétique », rappelle-t-il. « Le polymorphisme est plus fréquent chez les malades, chez qui la surexpression de la protéine SNAP25, pourrait augmenter la sensibilité à d'autres facteurs entrant en jeu – mais ce polymorphisme particulier n’est pas le seul impliqué et il n’est pas suffisant pour déclencher la maladie. »
Cette étude montre en particulier les conséquences fonctionnelles du polymorphisme du promoteur de SNAP25, et une proximité sur le plan moléculaire entre les troubles bipolaires précoces et la schizophrénie.
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