À l’occasion d’une étude effectuée par des chercheurs exerçant dans trois pays différents (Grèce, Royaume-Uni et Suède), Acta Psychiatrica Scandinavica pose LA question iconoclaste, propre à faire grincer les dents de maints thérapeutes sur la planète Psy : « est-ce que la psychothérapie marche (réellement) ? »
Transposant la même rigueur méthodologique utilisée pour les traitements médicamenteux (méta-analyses d’essais contrôlés) afin d’appliquer à l’évaluation des psychothérapies une approche statistique aussi objective que celle exigée dans les essais thérapeutiques, les auteurs ont retenu (dans les bases de données PubMed, PsycINFO et Cochrane) 173 publications portant sur 247 méta-analyses, elles-mêmes relatives à 5 157 essais contrôlés. Ils ont examiné notamment l’hétérogénéité de ces études, l’incidence éventuelle de leur petite taille, l’excès de résultats significatifs, ou une combinaison de tous ces facteurs.
Un manque de preuves objectives
Cent-quatre vingt dix-neuf de ces méta-analyses (soit près de 81 %) se révèlent « significatives au seuil p ≤ 0,05 et presque toutes (196) favorables à la psychothérapie. » Mais ce constat flatteur ne doit pas faire illusion, car il peut comporter aussi un biais de publication, dans la mesure où les revues médicales publient de préférence les études aux résultats positifs, et tendent au contraire à rejeter des travaux se soldant par des conclusions négatives. De plus, une « forte ou très forte hétérogénéité » est observée dans 130 méta-analyses (près de 53 %), l’incidence d’une petite taille dans 72 méta-analyses (29 %), et un excès de résultats significatifs dans 95 méta-analyses (plus de 38 % des cas). En réalité, « seules 16 méta-analyses (moins de 7 % d’entre elles) apportent des preuves convaincantes que la psychothérapie est efficace. » Elles faisaient référence en l’occurrence à une thérapie cognitivo-comportementale (6 cas), une « thérapie de méditation » (1 cas), une remédiation cognitive (1 cas), un « counseling » (conseils, accompagnement1, 1 cas) et une approche mêlant diverses formes de psychothérapies (7 cas).
Les auteurs soulignent ainsi le manque de preuves objectives sur l’efficacité des psychothérapies, quelle que soit en la matière l’opinion dominante : « bien que 80 % des méta-analyses semblent indiquer une efficacité statistiquement significative des psychothérapies, seules quelques méta-analyses ont fourni des preuves convaincantes sans biais. »
Analystes et autres psychothérapeutes ne manqueront pas d’apprécier...
Dr Alain Cohen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire