07/10/2017
On sait que les politiques de « désinstitutionalisation » ont conduit à une fermeture massive des lits en psychiatrie. On méditera, en France, sur l’exemple édifiant de l’hôpital psychiatrique de Maison-Blanche : construit à la fin du XIXème siècle et prévu pour accueillir « jusqu'à 3 200 malades » à son apogée, cet établissement disposait « en 1978 sur son site de Neuilly-sur-Marne d’une capacité de 2 400 lits. » Or il est désormais... livré aux promoteurs immobiliers ![1] Mais cette désinstitutionalisation prononcée semble avoir atteint ses limites et susciter un grave effet pervers : la remontée spectaculaire du risque suicidaire.
Un rapprochement tentant
Depuis une quinzaine d’années, expliquent ainsi des praticiens de Chicago et de New York (États-Unis) dans une lettre à Jama Psychiatry, on observe « une augmentation du taux national de suicides aux USA. » Parallèlement, on y constate « une réduction du nombre de lits dans les hôpitaux psychiatriques publics », lequel a diminué, durant cette même période, « de 34 à 22 lits pour 100 000 habitants. » Il est forcément tentant d’opérer un rapprochement épidémiologique entre ces deux phénomènes, d’autant plus qu’en traçant les courbes respectives (en fonction du temps) du taux de suicides et du nombre de lits disponibles pour l’hospitalisation en psychiatrie, ces deux courbes se révèlent pratiquement symétriques par rapport à l’axe des abscisses (représentant les années, entre 1999 et 2013).
Insuffisance des moyens thérapeutiques en ambulatoire
Toutefois, la désinstitutionalisation n’explique pas tout, et d’autres facteurs interviennent, en particulier l’insuffisance des moyens thérapeutiques déployés en psychiatrie ambulatoire : les auteurs expliquent à ce propos que les données disponibles pour 18 états des USA montrent que « de 2005 à 2010, seulement 28,5 % des suicidés avaient reçu un traitement psychiatrique avant leur décès. » Cette statistique éloquente indique à l’évidence qu’il existe une marge encore « considérable » pour améliorer la prise en charge médicamenteuse (et probablement aussi psychothérapeutique), notamment lors d’un contexte anxio-dépressif préalable...
[1] https://www.tourisme93.com/maison-blanche.html & http://www.leparisien.fr/neuilly-plaisance-93360/un-immense-quartier-va-naitre-a-maison-blanche-31-01-2011-1291160.php
Dr Alain Cohen
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