LE MONDE ECONOMIE | | Par Denis Cosnard
Philippe Austruy, en juillet 2016. C. Goussard
Plus Philippe Austruy avance en âge, plus il rajeunit. Après avoir fait fortune dans les cliniques privées, les maisons de retraite et l’hospitalisation à domicile, l’homme d’affaires français mise à présent sur les jeunes et les bébés. Le secteur de l’enseignement devrait être sa prochaine cible. « J’ai déjà tenté les cours particuliers Acadomia, mais sans succès », confie l’investisseur de 68 ans.
En attendant, il est décidé à s’imposer dans les crèches. M. Austruy a été l’un des premiers à ouvrir des crèches privées, il y a une douzaine d’années. Mais ses rivaux comme Babilou ou Les Petits Chaperons rouges ont su mieux profiter de la libéralisation de la profession. « Nous étions partis les premiers, nous nous sommes retrouvés derniers », le sixième opérateur avec seulement 67 établissements fin 2017, reconnaît ce patron, en relevant ses montures rouges sur son front buriné.
« Une marge brute de 15 % à 20 % »
Qu’à cela ne tienne. M. Austruy veut rattraper son retard. Il a nommé, en mars 2016, un nouveau dirigeant pour ses Crèches de France, Jacques Hérail. Ensemble, ils ont arrêté un plan ambitieux : l’entreprise doit doubler de taille en deux ans. Les deux hommes ont commencé à ouvrir des crèches à grande vitesse, pour en détenir au moins 150 d’ici la fin de 2018, dont 100 en France et 50 en Suisse, en Allemagne, en Belgique, etc.
Un bon investissement, en principe : compte tenu du manque de places, les crèches actuelles sont pleines, d’autant que la France soutient financièrement les parents et que certaines entreprises sont prêtes à payer pour aider leurs employés à régler ce problème. « Un établissement bien rempli doit dégager une marge brute de 15 % à 20 % du chiffre d’affaires », évalue M. Hérail.
Construire de petits empires et les revendre ensuite
M. Austruy voit un cran plus loin. « Ce qui m’amuserait, c’est de participer à la consolidation du secteur, dit-il. On pourrait mettre la main sur un des leaders et amener l’ensemble en Bourse… » Car, s’il ne prélève jamais de dividende, le millionnaire sait en général bien construire de petits empires et les revendre ensuite. C’est ce qu’il a fait avec ses cliniques, cédées à la Générale des eaux, en 1987, puis avec ses maisons de retraite (Medidep) et ses soins à domicile confiés à Orpea.
Aujourd’hui, il cherche à se défaire de la douzaine de restaurants dont il est aussi propriétaire à Paris, Saint-Tropez (Var), Megève (Haute-Savoie), etc. Pas question, en revanche, de lâcher les sculptures monumentales de son domaine de Peyrassol, en Provence, ni La Patinoire royale, cette immense galerie d’art qu’il possède à Bruxelles. Encore moins les chers vignobles dont il est si fier.
« JE CRÉE, JE DÉFRICHE, JE VENDS, MAIS JE N’AIME PAS TROP STRUCTURER »
Tout cela est empilé un peu en vrac au sein de sa société holding SIS et d’autres structures, avec, en prime, des cliniques d’addictologie et une trentaine de maisons de retraite en construction au Portugal et au Brésil. « Je crée, je défriche, je vends, mais je n’aime pas trop structurer », admet l’intéressé. Conseillé par ses financiers, il a néanmoins installé sa holding en Belgique, et prédécoupé son petit groupe en trois morceaux. Si ses trois filles ne s’entendent pas, chacune recevra un jour une province du royaume.
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