Spécialiste de l'éthique, Ruwen Ogien était atteint d’un «cancer capricieux, chaotique». Dans son dernier livre, «Mes Milles et Unes Nuits», il fustigeait le «dolorisme», cette passion de notre société pour la souffrance.
Ruwen Ogien le 11 avril 2013.
Photo Jérôme Bonnet pour Libération
Il n’est pas exagéré de dire que c’était un homme merveilleux, un homme s’émerveillant de tout, émerveillant tout le monde par son intelligence certes, par cet humour qui lui donnait la force de tourner en dérision ses propres tourments, la sale maladie par laquelle son corps était rongé depuis quatre ans, et surtout par une gentillesse et une courtoisie hors du commun, aussi éloignées que possible de la mièvrerie, qui le rendaient disponible aux choses et aux êtres et faisaient que, devant lui, si attentif, si accueillant, on se sentait plus intelligent, on devenait, ne serait-ce qu’un instant, la personne la plus importante du monde. Ruwen Ogien est mort hier jeudi, en début d’après midi, à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. Il venait de publier Mes mille et une nuits, où, fustigeant le «dolorisme», il parlait de son «cancer capricieux chaotique».
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