Parmi les propositions pour améliorer le soutien psychologique des victimes d'attentats, la secrétaire d'État dédiée à l'aide à ces victimes, Juliette Méadel, envisage notamment d'étendre à tous les établissements de santé le dispositif d'accompagnement en phase d'urgence. Le modèle des "plans blancs psy" pourrait s'appliquer.
À l'issue d'une visite le 20 mars au service des urgences de l’hôpital Saint-Louis à Paris (Assistance publique-hôpitaux de Paris, AP-HP), la secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes, Juliette Méadel, a précisé le dispositif proposé par le Gouvernement pour améliorer le soutien psychologique aux victimes d'attentats et autres catastrophes. Elle avait exposé des premières mesures de ce dispositif d'accompagnement à l'occasion d'un congrès de pédopsychiatrie le 6 mars dernier (lire notre article), puis dévoilé plus officiellement les principales recommandations le 7 mars lors d'un point presse à l'Institut mutualiste Montsouris, à Paris.
Selon le dossier de presse du ministère, ce corpus de vingt-quatre propositions vise six objectifs : améliorer l'accès aux soins, la prise en charge des victimes dans l'urgence et le "post-immédiat", la coordination entre les acteurs, la formation des professionnels, la recherche et l'échange de pratiques ainsi que la mobilisation des proches des victimes et le grand public. L'objectif global de cette plateforme de propositions, élaborée à la suite d'un cycle de tables rondes associant les professionnels concernés (urgentistes, psychiatres, pédopsychiatres, psychologues, secouristes, associations, etc.), est de "répondre à la demande accrue d'accompagnement des victimes d'infractions violentes et notamment d'actes terroristes".
Un label "psychotraumatisme" de l'ARS pour les psychiatres
Au volet de l'amélioration des prises en charge des victimes, le secrétariat d'État propose, en premier lieu, de lancer "une mission d’évaluation globale" des cellules d'urgence médico-psychologiques (Cump) pour en "objectiver les forces et faiblesses". Il s'agit également, comme annoncé au congrès de pédopsychiatrie, de mettre en place "des réserves de pédopsychiatres et psychologues volontaires formés au psycho-traumatisme, mobilisables dans l’urgence pour intervenir en aval des Cump auprès des enfants victimes".
Juliette Méadel propose également d'étendre à tous les établissements de santé le dispositif d’accompagnement en phase d’urgence "sur le modèle des "plans blancs psy"". Il s'agira ainsi d'organiser "au moins une fois par an un exercice de simulation de crise pour tester l’efficacité du plan blanc psy, afin d’améliorer la prise en charge des blessés psychiques". Il est également envisagé de créer "un label psycho traumatisme accordé par l’ARS à des psychiatres et des psychologues bien formés et reconnus". La secrétaire d'État souhaite aussi la mise en place d'une réserve citoyenne de volontaires, agréés par l’ARS, formés pour pratiquer les premiers secours et soins mais aussi pour accompagner et orienter les victimes et leur famille. Enfin, elle recommande une sensibilisation de "tous les primo-intervenants (professionnels ou non) au risque de troubles psychologiques pouvant les affecter et se manifester plusieurs jours ou plusieurs semaines après l’exposition à l’évènement traumatogène". En ce qui concerne la coordination entre professionnels, le Gouvernement est favorable à un plan d'actions "troubles psychiques post-traumatiques" formalisant un partenariat entre le service de santé des armées du ministère de la Défense et le ministère de la Santé.
Formation initiale et continue des professionnels de santé
L'un des autres leviers d'action est d'agir sur la formation initiale et continue des professionnels de santé. Sur ce point, le secrétariat d'État estime qu'il convient de développer la formation des professionnels de santé libéraux, notamment les médecins généralistes, à la santé mentale afin d’améliorer le dépistage de troubles psychiques et de faciliter une orientation vers des spécialistes compétents. Il faut également veiller à ce que les formations initiales des psychiatres et psychologues "donnent accès à des connaissances solides sur les principales techniques de soin utiles dans le domaine des psychotraumatismes". Par ailleurs, des "modules de formation sur le psychotrauma, à plusieurs niveaux avec une gradation dans l’expertise (initiation jusqu’à un niveau expert)" devront être conçus. Pour ce qui est de la recherche, la secrétaire d'État entend notamment expérimenter un centre national de ressources et de résilience et des centres territoriaux, spécialisés sur le trauma à travers une approche pluridisciplinaire, adossés à une structure existante et tous dotés d’un département "pédopsychiatrie". Enfin, une recherche clinique devrait être engagée sur "une cohorte d’enfants victimes (ou impliqués)" de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice (Alpes-Maritimes).
Améliorer l'accès aux soins psychiques
Un volet des propositions présentées par le secrétariat d'État chargé de l'aide aux victimes concerne l'accès aux soins psychiques pour les victimes d'attentats et autres évènements collectifs traumatisants. Parmi elles, il est notamment envisagé de :- permettre un meilleur remboursement des consultations de psychologues formés à la psychotraumatologie et "étendre le dispositif de dix consultations remboursées à hauteur de 50 euros par la Sécurité sociale, renouvelables en fonction d’une évaluation de l’état du patient" ;
- proposer systématiquement à chaque victime ou personne impliquée dans un attentat ou un autre évènement grave un diagnostic de santé psychique "gratuit, ou largement pris en charge" par la Sécurité sociale ;
- mettre à disposition des psychologues un modèle d’attestation de constat des retentissements psychologiques ;
- établir et mettre en ligne une liste départementale de psychologues agréés par l’ARS, également disponible en comités locaux de suivi des victimes, "mentionnant si possible les tarifs pratiqués".
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