La stratégie nationale d'amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé comprend désormais un volet ambulatoire. Celui-ci a été présenté ce 21 mars par la ministre Marisol Touraine. Au programme, trois axes : améliorer les conditions d'exercice, assurer la sécurité de soignants et prévenir la souffrance au travail.
En décembre dernier, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, présentait une stratégie nationale d'amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé, intitulée "Prendre soin de ceux qui nous soignent" (lire notre article). Ce 21 mars, elle a détaillé le volet ambulatoire de cette stratégie, devant les représentants syndicaux, les ordres professionnels et associations concernées. Il s'articule autour de trois axes.
Soutenir l'exercice coordonné
Première ambition : "améliorer les conditions d'exercice". L'Observatoire national de la qualité de vie au travail et des risques psychosociaux des professionnels de santé, prévu dans le premier volet de la stratégie, concernera aussi les professionnels ambulatoires. "Avec les différents ordres professionnels, les experts, les chercheurs, il proposera des orientations stratégiques et participera au recueil des expérimentations et des bonnes pratiques pour renforcer une approche collective, partagée et pluriprofessionnelle de l'exercice en ambulatoire", a détaillé Marisol Touraine. La ministre souhaite inscrire cette stratégie dans le prolongement du pacte Territoire santé, "une dynamique a été impulsée sur le terrain", a-t-elle rappelé, évoquant notamment la multiplication des maisons de santé pluriprofessionnelles dans les territoires. Le soutien au développement de l'exercice coordonné sera ainsi renforcé.
Les formations, initiales et continues, intègreront pour leur part un module dédié de la prévention des risques psychosociaux et à la qualité de vie au travail. Côté formation toujours, les stages ambulatoires étudiants seront encouragés car reconnus comme "un facteur d'installation des jeunes professionnels". Développer les nouveaux moyens d'échange et de partage d'information, comme la télémédecine et la messagerie sécurité santé (MSS) s'inscrit aussi dans cette ambition pour "favoriser la communication des professionnels avec les établissements". Enfin, la prévention et le suivi médical seront améliorés.
Assurer la sécurité des soignants
Objectif affiché : favoriser le bien-être au travail pendant toute la carrière. "Je fixe un objectif : que l'ensemble des professionnels de santé puissent bénéficier d'un suivi médical", a annoncé la ministre. L'Assurance maladie étudiera par conséquent les modalités d'extension des différents dispositifs et initiatives prises pour offrir un accueil spécifique aux médecins à d'autres professions de santé dans les centres d'examen, en incluant le dépistage des signes de surmenage professionnel.
Deuxième axe annoncé ce 21 mars : "assurer la sécurité des soignants exerçant en ambulatoire". Cela passe par le développement et la généralisation des accords "santé-sécurité-justice", qui visent à renforcer la sécurité des professionnels. Ils permettent notamment la désignation d'un référent santé au sein des commissariats et des gendarmeries ; la facilitation des dépôts de plainte en cas d'acte malveillant ou d'agression ; ou encore l'amélioration de l'information sur les suites données à la plainte. Une conférence départementale annuelle sera également créée pour évaluer les enjeux, élaborer des solutions et réunir les moyens financiers et humains pour sécuriser davantage l'exercice.
En parallèle, une campagne de communication sera lancée. Elle vise à sensibiliser le grand public aux exigences de la relation soignants/soignés. "Élaborés en lien avec le ministère de l'Intérieur, un guide et des fiches pratiques seront diffusés auprès des professionnels pour prévenir et faire face aux incivilités et aux violences", détaille le ministère de la Santé.
Mieux détecter pour mieux accompagner
Enfin, dernier axe : "prévenir et prendre en charge la souffrance au travail". "Je veux améliorer la détection des risques psychosociaux et l'accompagnement des professionnels", a déclaré Marisol Touraine. Faire tomber les tabous et libérer la parole, tel est l'objet de ce dernier axe. Une "communication forte" en direction des soignants sera lancée. Elle portera sur l'épuisement professionnel et les dispositifs de soutien disponibles. La mission nationale sur l'amélioration de la qualité de vie au travail sera aussi chargée de recenser les initiatives en termes de dispositifs d'écoute, et notamment les numéros d'appel téléphonique. "À partir de ce recensement, un cahier des charges sera élaboré pour garantir la mise en place de dispositifs d'écoute accessibles 24h/24 et 7 jours/7, de façon gratuite et avec la garantie d'une confidentialité absolue, lorsqu'elle est souhaitée", a détaillé la ministre.
Ces dispositifs doivent permettre l'orientation vers des soins adaptés par des personnels formés. Les capacités de formation spécifique de "soins aux soignants" seront d'ailleurs augmentées pour permettre des prises en charge de proximité.
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