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lundi 14 décembre 2015

Le HCSP plaide en faveur d'une animation régionale de l'éducation thérapeutique du patient

L'importance de l'éducation thérapeutique du patient (ETP) devrait constituer un élément structurant du système de santé, selon le Haut Conseil de la santé publique. Dans un avis dédié, il réinterroge ses programmes sous plusieurs angles. Financement, animation, régime d'autorisation, labellisation... le tout en dix-huit recommandations.
Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) formule dix-huit recommandations pour faire évoluer les modalités stratégiques d'organisation, de suivi et de gouvernance de l'éducation thérapeutique du patient (ETP). Dans un avis voté le 12 octobre et mis en ligne ce 10 décembre, l'organisme estime l'ETP comme "un élément important" dans la prise en charge des malades, particulièrement ceux atteints de maladies chroniques. Il salue le travail réalisé par les équipes actuelles pour développer cette démarche et les encourage. Ce qui ne l'empêche pas de réinterroger les programmes en place sous plusieurs angles. 

Le régional en animateur et le national en facilitateur

Au niveau du rôle des instances, le HCSP considère le niveau régional comme le niveau pertinent pour déployer et financer l'ETP. Les ARS sont alors qualifiées d'"animateurs légitimes d'un réseau" visant aux échanges et partages d'expériences et de compétences. Une fonction que les tutelles pourraient déléguer à une unité transversale d'éducation thérapeutique, une plateforme d'appui, une instance régionale d'éducation et de promotion de la santé par exemple. Un soutien financier à l'acquisition de compétences psychosociales serait également bienvenu, de même que la promotion de la participation des patients. Le niveau national prendrait, quant à lui, le rôle de "facilitateur des échanges d'expériences". Le HCSP écrit que "le contraste entre la relative confidentialité de l'ETP et les bénéfices et attentes des patients et de l'entourage plaide en faveur de débats à mener en étroite liaison avec la Conférence nationale de santé et des associations de patients et pourquoi pas en faveur de l'organisation d'états généraux de l'ETP". Il prône, dès lors, des stratégies de communication régionales et nationales, en direction du grand public mais aussi des professionnels de santé. Le HCSP milite pour une coordination des trois régimes d'assurance maladie afin de construire "une offre diversifiée, visible et complémentaire". Sans compter la nécessité d'une refonte du cahier des charges relatif à la formation des professionnels, qui pourrait même intégrer une démarche de labellisation. 

Enrichir les connaissances et considérer les inégalités sociales

S'agissant de la prise en considération des inégalités sociales de santé, le HCSP suggère de miser sur les compétences psychosociales et sur les ressources locales du type médiateurs de santé afin de rendre les patients plus autonomes. L'axe populationnel et l'ETP en ville ne doivent pas être oubliés. Et il faut faire évoluer les contenus dans une approche adaptée aux individus identifiés, selon le haut conseil. Pour les populations vulnérables, résume-t-il, il convient de "former les acteurs à adapter leur discours et à développer des stratégies de communication, proposer des documents d'information simples et utiliser des supports imagés". La connaissance en ETP devrait en outre s'enrichir, estime le HCSP, qui suggère alors de l'inscrire comme un élément thématique dans le cadre d'appels d'offres en santé publique afin de générer des expériences innovantes associées à des études d'impact. En parallèle, il propose de développer les recherches sur les pratiques de prise en charge des malades relevant de l'ETP en population générale. 

Assouplir le financement et le régime d'autorisation

In fine, des évolutions sont nécessaires, conclut le HCSP. Il apporte par conséquent des pistes de réflexion dont il estime que l'intérêt et la faisabilité doivent être éprouvés avant leur déploiement. Le haut conseil recommande ainsi de "réfléchir à des modalités plus souple de financement". Actuellement, le financement de l'ETP est calculé par personne et par programme, entre 250 et 350 euros par participant. Le haut conseil avance par exemple l'idée d'un diagnostic éducatif financé comme un acte séparé ou encore celle d'un financement de type plateforme d'appui pour répondre aux besoins de coordination et de formation des équipes. Assouplir le régime d'autorisation est une autre option à envisager, selon le HCSP, même si des modalités d'application doivent néanmoins être définies. Le cadre réglementaire, basé sur un cahier des charges, semble assez contraignant et peu adapté au professionnels de ville. Il fixe des conditions strictes pour la composition des équipes, les compétences requise, les modalités de mise en œuvre, le déroulement du programme... Enfin, le processus d'évaluation actuellement mis en place pouvant difficilement être réalisé tous les ans (il s'agit plutôt d'un compte rendu d'activité, selon le HCSP), les experts préconisent une démarche de qualité quadriennale, plus exhaustive, de type certification.

Quelques chiffres

Il n'existe pas de données permettant d'établir un bilan consolidé au niveau national de la participation des patients à l'éducation thérapeutique. La base de données de la Direction générale de la santé est en cours de structuration. Selon les données du rapport d'activité du fonds d'intervention régional (Fir) pour l'année 2014, 3 950 programmes d'ETP ont été autorisés au niveau national depuis la loi HPST de 2009. Les premiers renouvellements d'autorisation ont été accordés en fin d'année 2014. Les crédits alloués par les ARS atteignent 79,4 millions d'euros en 2014.
Pia Hémery 
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