CRITIQUE
L’historienne Fanny Bugnon se penche sur la représentation caricaturale des femmes terroristes de l’après Mai 68 en France et en Allemagne
«Ils s’en prennent même aux femmes» : cette formule permet de barbariser l’ennemi, non respectueux des lois de la guerre, censée ne concerner que les hommes. La violence armée étant ainsi postulée consubstantielle de la virilité, le recours de femmes aux armes, comme leur violence, est perçue comme une transgression majeure des règles sociétales, des identités de genre, lequel relie féminité, passivité, victimisation. Ainsi s’explique qu’il ait fallu attendre ces dernières décennies pour que les sciences humaines et sociales s’appliquent à penser la violence des femmes, sujet, de plus, longtemps tabou de la réflexion féministe. L’étude dense et stimulante de Fanny Bugnon enrichit ces travaux en s’attachant essentiellement à la réception et à la représentation par les gouvernants et les médias français et allemands de la participation de femmes au terrorisme qui secoua l’Europe de l’après Mai 68. Une certitude s’impose alors : leur présence dans la Fraction armée rouge (Rote Armee Fraktion-RAF) comme dans Action directe (AD) signe la radicalisation de la violence révolutionnaire.
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