Alors qu’il est censé être réalisé au 4e mois de grossesse pour permettre aux femmes de partager leurs attentes et leurs inquiétudes vis-à-vis de leur grossesse et de l’accouchement, l’entretien prénatal précoce (EPP) n’est réalisé que chez 2 femmes sur 5, en moyenne au cours du 5e mois de grossesse. Certaines le repousseraient même jusqu’au 9e mois.
C’est un des constats d’une enquête, publiée dans le Bulletin Hebdomadaire de l’Institut de Veille Sanitaire – enquête réalisée en 2012 par les réseaux de santé en périnatalité (RSP) auprès 1 990 femmes venant d’accoucher.
La prévalence de l’EPP reste « encore faible », concluent les auteurs. Elle est cependant en nette augmentation par rapport à la dernière enquête, réalisée en 2010, qui rapportait qu’une femme sur cinq, seulement, avait réalisé l’entretien.
Les femmes les plus à même d’avoir bénéficié d’un EPP seraient jeunes (25-35 ans), primipares, ayant préalablement reçu une préparation à l’accouchement et un carnet de santé. La grande majorité des entretiens (92,5 %) serait réalisée par des sages femmes ; les gynécologues-obstétriciens et médecins généralistes, eux, restent peu représentés.
L’EPP n’est pas systématiquement proposé
Parmi les femmes qui n’ont pas bénéficié d’un EPP, 63 % ont déclaré qu’il ne leur avait pas été proposé. Parmi celles qui ont refusé l’entretien, plusieurs ont avancé le manque de temps, d’autres le fait d’être multipare.
Face au taux relativement faible de l’offre, leurs auteurs suggèrent d’explorer le rôle des professionnels qui prennent en charge les femmes enceintes au cours du 1er trimestre de grossesse, en particuliers les médecins généralistes et gynécologues-obstétriciens de ville.
« Même si ces professionnels ont été informés par les RSP, leurs doutes sur l’intérêt de l’EPP sur le déroulement de la grossesse et l’issue de l’accouchement, et leurs remarques sur le manque d’évaluation du dispositif, ont été soulignés par nombre de RSP » notent les auteurs.
Les femmes à risque ne sont pas assez ciblées
Par ailleurs, les femmes avec des difficultés de vie quotidienne, de conduites addictives, à risque social et psychologique n’ont pas accès de manière privilégiée à cet entretien. « On peut donc dire que l’EPP, tel que pratiqué dans les territoires de santé enquêtés, ne répond pas tout à fait à ses objectifs, à savoir aider les femmes les plus vulnérables », remarquent les chercheurs.
Clémentine Wallace
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