Elle voulait être chef d'orchestre, a poussé la porte de la folie avec Lautréamont et Rimbaud, dont les Illuminations hallucinées ont embrasé son adolescence. Et elle a atterri de plain-pied au milieu de grands délirants qui découpent la tête de leur mère avant de l'enfourner, saupoudrée d'épices, au micro-ondes, quand ils ne descendent pas de la Lune. Chef d'un pôle regroupant le service de psychiatrie de la prison de Fresnes et une unité d'hospitalisation pour détenus à Villejuif (Val-de-Marne), Magali Bodon-Bruzel arpente depuis vingt ans les confins de la maladie mentale dans ce qu'elle peut avoir, parfois, de plus dérangeant.
Son monde est une partition de graves et d'aigus, de crimes et d'absurde, de cocasserie et de souffrance, puissamment dépeints dans un récit à quatre mains avec l'écrivain Régis Descott, L'Homme qui voulait cuire sa mère (Stock). "Des histoires de personnes, pas des cas cliniques", insiste-t-elle, avec un sourire. C'est tout son propos, déchirer les habits du monstre dans lesquels les confinent nos fantasmes et rapatrier ces décrocheurs dans leur véritable univers : "La société des hommes. Il y a les handicapés, les petits, les gros, les fous... Ce n'est pas eux, et nous. C'est un tout."
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