Alors qu’il est bien démontré qu’une activité physique régulière est bénéfique pour la santé, 40 % à 80 % de la population reste généralement sédentaire.
Quant aux sujets qui ont une activité physique, des enquêtes effectuées aux Etats Unis et en Grande Bretagne ont montré que 50 % d’entre eux la pratiquent sans atteindre le niveau préconisé par les recommandations internationales à savoir, 30 minutes/jour d’un exercice d’intensité moyenne ou 75 minutes/semaine d’un exercice intense.
Il est possible que cette faible compliance aux recommandations soit liée au fait que le standard fixé soit trop élevé et que cela décourage beaucoup de personnes ne fut ce que d’essayer de l’affronter.
C’est ce qui a conduit DC. Lee et coll. à évaluer les relations dose-réponse entre le jogging et la mortalité, ainsi que l’évolution des comportements vis-à-vis du jogging au cours du temps.
L’étude a porté sur 55 137 sujets (femmes : 26 % ; âge moyen : 44 ans) inclus dans l’Aerobics Center Longitudinal Study, une étude prospective, observationnelle, destinée à examiner les effets de l’activité physique sur la santé et le devenir à long terme. Les participants faisaient l’objet d’un examen médical régulier et devaient répondre à un questionnaire centré sur leur activité physique. Environ 24 % des participants à cette étude faisaient du jogging.
Avec un suivi moyen de 15 ans, on a dénombré 3 413 décès de toutes causes et 1 217 étaient liés à une cause cardiovasculaire.
Comparé à celui des sujets qui ne pratiquaient pas le jogging, le risque de mortalité totale et de mortalité cardiovasculaire était plus faible respectivement de 30 % et 45 % chez ceux qui en faisaient régulièrement, avec pour conséquence un bénéfice d’espérance de vie de 3 ans.
En analyse dose/réponse, comparés à la situation clinique des non-joggers, les bénéfices observés sur la mortalité chez les joggers étaient semblables dans les différents quintiles de temps de course, de distance parcourue, de fréquence d’entraînement, de vitesse de course.
Comparé à la sédentarité, le fait de courir ne fussent qu’1 à 2 fois par semaines, même moins de 51 minutes, de parcourir même moins de 6 miles, en développant moins de 506 METs (équivalents métaboliques/minute), à une vitesse de moins de 6 miles/heure suffisait à réduire le risque de décès.
L’analyse de la mortalité en fonction de l’évolution des comportements des joggers au fil des années a montré que les sujets qui ont continué de courir étaient ceux qui tiraient le plus de bénéfices de la poursuite de l’activité physique : réduction respective de 29 % et 50 % de la mortalité totale et cardiovasculaire par rapport aux sujets qui n’avaient jamais couru.
En conclusion, le fait de courir même seulement 5 à 10 minutes/jour à une faible vitesse < 6 miles/h se trouve associé à une réduction franche du risque de décès de toute cause et de décès cardiovasculaire. En montrant qu’un effort physique minimal, bien inférieur aux normes préconisées donc beaucoup plus facile à exécuter, améliore tout de même significativement l’espérance de vie, cette étude devrait motiver les joggers a continué de courir et encourager les sujets sédentaires en bonne santé de se mettre au jogging.
Dr Robert Haïat
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire