Le psychiatre autrichien Richard Freiherr von Krafft-Ebing, né le 14 août 1840 à Mannheim, a introduit les termes de masochisme et sadisme, en référence à Leopold von Sacher-Masoch et au Marquis de Sade, dans son livre publié en 1886 consacré aux perversions sexuelles '" Psychopathia Sexualis ".
Krafft-Ebing était né au sein d'une famille noble élevée au rang de baronnie par l'empereur Franz -Joseph 1er en 1805. Son père, Friedrich Karl Conrad Christophe von Krafft-Ebing était haut magistrat du Grand-duché de Bade et sa mère, Klara Antonia Carolina, était la fille du célèbre juriste Carl Joseph Anton Mittermaier.
Ses études de médecine achevées, Krafft-Ebing décide de se spécialiser en psychiatrie et, à cette fin, il se rend à Zurich pour suivre les cours de Wilhelm Griesinger . Sa formation terminée, il exerce dans plusieurs institutions psychiatriques, mais leur mode de fonctionnement ne le satisfaisant pas, il décide de se tourner vers l'enseignement. Il dispense ainsi des cours à Strasbourg, Graz et Vienne où il devient expert en médecine légale.
Une des premières monographies sur la sexualité
Cette dernière occupation est l'occasion pour Krafft-Ebing de publier son ouvrage le plus connu : Psychopathia Sexualis (« Psychopathia sexualis : Étude médico-légale à l'usage des médecins et des juristes »). Ce livre qui constitue une des premières monographies sur la sexualité, destiné à servir de manuel de référence aux médecins légistes et aux magistrats, est volontairement rédigé dans une langue universitaire et austère, dans le but de décourager les profanes et certains passages sont même écrits en latin. Malgré cela, le livre va connaître un grand succès populaire, réédité et traduit de nombreuses fois. Chaque réédition de l’ouvrage s'enrichit de nouveaux témoignages, Krafft-Ebing ayant reçu un nombre impressionnant de lettres à prétention autobiographique, écrites par des lecteurs s'étant « reconnus » dans les cas figurant dans les précédentes livraisons.
paradoxie : excitation du centre cérébral avant la puberté (enfance), ou après l'extinction des fonctions sexuelles (vieillesse) ;
anesthésie : le centre cérébral ne répond à aucune excitation : ni aux impulsions des organes génitaux (qui fonctionnent normalement), ni aux représentations issues des sens ou de la mémoire ;
hyperesthésie : le centre cérébral répond de manière extrêmement vive aux représentations et impulsions organiques ;
paresthésie : le centre cérébral est excité par des représentations anormales ("inadéquates").
Ces quatre pathologies sont classées dans la section "névroses cérébrales", distinguées des "névroses périphériques" (pathologies relatives à la sensibilité des organes sexuels) et des "névroses spinales" (pathologies des centres d'érection et d'éjaculation, situées dans la moelle) : elles sont des désordres fonctionnels du "sens sexuel".
La perversion sexuelle (paresthésie) est ainsi précisée par Krafft-Ebing : "Il se produit dans ce cas un état morbide des sphères de représentation sexuelle avec manifestation de sentiments faisant que les représentations, qui d’habitude doivent provoquer physico-psychologiquement des sensations désagréables, sont au contraire accompagnées de sensations de plaisir."
Pour la première fois, en référence à Sader von Masoch et au marquis de Sade, Krafft-Ebing va introduire les termes de sadisme et de masochisme, considèrant le sadisme comme une exagération des caractères psychiques sexuels de l'homme et le masochisme comme une excroissance pathologique des éléments psychiques féminins.
Un partisan de la dépénalisation des pratiques homosexuelles
Krafft-Ebing se penche aussi longuement sur l'homosexualité, sujet qu' il connait bien pour avoir été confronté en tant que médecin légiste à de nombreux patients homosexuels et arrive à la conclusion que les homosexuels et les lesbiennes ne sont pas exactement des dégénérés. Il milite dans le sens d'une dépénalisation des pratiques homosexuelles, la législation autrichienne étant alors particulièrement répressive à leur égard.
Jusque-là, la théorie la plus communément répandue affirmait que l’homosexualité résultait d'une anomalie lors du développement du cerveau de l'embryon ou du fœtus, anomalie provoquant une inversion sexuelle des sentiments, représentations et désirs sexuels. Krafft -Ebings va amender ce postulat dans un article publié en 1901 dans le " Jahrbuch für sexuelle Zwischenstufen " où il substitue le mot différenciation à celui d'anomalie.
L’opposition de l’église catholique
Les travaux de Krafft-Ebing rencontrèrent aussi l'opposition de l’église catholique qui désapprouvait les positions du psychiatre sur l’homosexualité et s’offusquait de le voir associer l’aspiration à la sainteté et au martyr à des formes d’hystérie, et à les rapprocher des pratiques utilisées dans le masochisme (flagellation, mortifications, etc.)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire