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mardi 10 juin 2014

Un neurologue de l’hôpital des Papes, à Rome, réclame l’interruption des traitements en fin de vie

10/06/2014

« Je trouve absurde et violent que le destin d’une personne qui vit un drame aussi particulier, c’est-à-dire vivre intubée, soit choisi par quelqu’un d’autre, quelqu’un assis derrière un bureau. C’est violent, illogique, irrationnel, illégitime. C’est pour cette raison que nous avons déjà interrompu des traitements. »
C’est en ces termes d’une extrême clarté, que le neurologue Mario Sabatelli a lancé un nouveau pavé dans la mare des discussions sur la fin de vie ou le droit à l’euthanasie. Mais ils sont surprenants et gênants pour une partie de l’Italie, cet éminent professeur dirigeant le service SLA de la polyclinique catholique Gemelli. C’est-à-dire l’hôpital des Papes. Dans cette structure conventionnée avec la sécurité sociale italienne, plusieurs souverains pontifes ont été hospitalisés comme Jean Paul II et aussi Benoît XVI.

Pour relancer le débat sur la fin de vie et l’euthanasie et faire passer son message pour le moins décoiffant selon l’Italie catholique, ce neurologue s’est fait interviewer par l’association « Viva la Vita onlus » fondée par les familles des patients frappés par la SLA. « Les personnes en fin de vie souffrant de pathologies comme la SLA peuvent choisir si elles veulent vivre branchées à un respirateur ou partir, et dans ce cas nous devons les aider ». Il a ajouté, qu’il s’appuie sur « le code déontologique, les lois et l’éthique et qu’il y a un moment où il faut choisir entre la fin de vie ou la vie artificielle ».

La souffrance d’une trachéotomie

Durant cet entretien, le neurologue a détaillé la SLA, ses conséquences dévastatrices sur les patients et les progrès de la médecine durant les vingt dernières années. « La trachéotomie est une thérapie extraordinaire, une pratique non conventionnelle comme l’explique l’article 15 du code de déontologie des médecins. Certains points doivent être respectés comme le consentement, l’efficacité du traitement qui doit être appropriée d’un point de vue clinique », explique le Dr Mario Sabatelli.
Il a particulièrement insisté sur la souffrance provoquée par la trachéotomie, un point qui suscite une interrogation précise à son avis d’un point de vue éthique. Faut-il accepter la souffrance à tout prix même en fin de vie et sans espoir de guérison ? On comprend aisément que ces questions soulevées par un spécialiste employé par l’hôpital des Papes suscitent un certain malaise. Et surtout, relance un débat que les lobbys catholiques tentent régulièrement d’enterrer.
Reste que les déclarations du neurologue sur les interruptions de traitement déjà appliquées dans son service ne vont certainement pas passer inaperçues sur le plan légal. Selon les membres des associations pour la vie comme pour certains experts, l’interruption est une façon cachée de pratiquer l’euthanasie. Ce qui est interdit en Italie en l’état actuel. « Les politiciens doivent faire vite pour modifier le cadre législatif. De mon côté, je n’ai pas peur, je choisis le bien du patient et je m’appuie sur le code déontologique et sur l’éthique », déclare Mario Sabatelli.
De notre correspondante à Rome, Ariel F. Dumont

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