Plus de 2 millions de patients adultes ont été hospitalisés en 2011 pour un motif psychiatrique : un tiers souffrait d’épisodes dépressifs caractérisés, selon les chiffres de l’assurance-maladie. La dépression est l’une des maladies psychiques les plus répandues. Avec une prévalence entre 5 et 12 %, elle concerne plus de 3 millions de Français, pour un coût total de 22,6 milliards de dépenses, soit 16 % des dépenses totales de santé en 2011.
La majorité (60 %) des personnes victimes d’un épisode dépressif caractérisé a recours aux soins, d’abord, auprès de leur généraliste (pour 21 % d’entre elles), puis dans les cabinets des psychiatres (13 %) et des psychologues libéraux (7 %). Seulement 10 % se tourne vers les établissements de santé. Une proportion déjà suffisante pour faire de la dépression le premier motif de recours aux soins des établissements ayant une activité de psychiatrie. Pour la première fois, les données du Recueil d’informations médicalisées en psychiatrie (Rim-P) analysées par la direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques (DREES) dans sa publication de décembre fait la lumière sur les modalités de prises en charges.
En 2011, Les patients adultes suivis pour un épisode ou un trouble dépressif (283 000) représentent 18 % de la file active des adultes suivis en psychiatrie (qui sont 1,5 million, selon le Rim-P). Les troubles sont d’intensité diverse : 37 % des malades sont vus pour un épisode ou trouble sévère, 35 % pour un trouble moyen, 14 % pour un trouble léger.
Comme en population générale, les femmes sont majoritaires (66 %) et la tranche d’âge entre 51 et 55 ans est la plus sinistrée.
Le privé spécialisé dans la dépression
Plus de 60 % des patients suivis en établissements de santé pour dépression le sont en ambulatoire. Selon la gravité des épisodes, l’hospitalisation à temps plein concerne un tiers des personnes en 2011, qui (pour 97 % d’entre elles) y consentent.
Plus finement, les modalités de prise en charge varient selon le statut des 588 établissements accueillant des personnes souffrant de dépression.
La moitié d’entre eux sont publics et représentent les 2/3 des lits d’hospitalisation à temps complet, et les 4/5 des places d’hospitalisation partielle.
L’autre moitié se répartit à part égale entre des Établissements privés d’intérêt collectif (ESPIC) à but non lucratif, qui participent à la sectorisation en proposant de l’ambulatoire et de l’hospitalisation, et des cliniques privées à but lucratif, davantage tournées dans le temps complet ou partiel, avec un relais dans les cabinets psychiatriques libéraux pour l’ambulatoire.
Près de la moitié (45 %) de la patientèle des cliniques privées a reçu un diagnostic de dépression, surtout sévère, contre 17 % pour les hôpitaux publics, et 21 % pour les ESPIC. Selon la DREES, le caractère imprévisible de certaines hospitalisations dans le public peut expliquer ce phénomène, tout comme, à diagnostic semblable, des situations cliniques et sociales différentes.
Courtes hospitalisations dans le public
La durée annuelle d’hospitalisation (DAH) observée pour les troubles dépressifs est de 32,8 jours en moyenne en 2011, 34,6 pour les plus sévères d’entre eux. Mais cette moyenne cache de grandes disparités entre le quart des patients qui ont une DAH inférieure à 10 jours, la moitié restant dans la limite des 21 jours, et les 20 % hospitalisés plus de 45 jours.
Ces différences de durées sont davantage liées à la nature de l’établissement qu’à l’intensité des troubles.
La DAH la plus faible est observée dans les établissements publics non spécialisés dans les prises en charge des maladies mentales : 30 % des personnes hospitalisées y restent moins de 7 jours, contre 10 % en clinique. La prise en charge parfois en urgence, et surtout, globale dans le public, articulée avec un suivi ambulatoire en amont et en aval, tout comme la faible disponibilité des lits d’hospitalisation et le turnover important des patients peuvent expliquer ces différences. Les établissements publics et les ESPIC connaissent enfin des taux de réhospitalisation plus importants que les cliniques. S’ils peuvent être fondés sur une stratégie thérapeutique, ils sont aussi liés aux sorties prématurées des patients.
› COLINE GARRÉ
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