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mardi 19 novembre 2013

Yémen, le cri des femmes

LE MONDE TELEVISION | Par 
"Yémen, le cri des femmes".
"Yémen, le cri des femmes". | REUTERS/KHALED ABDULLAH ALI AL MAHDI
Il y a un an, France Télévisions mobilisait ses chaînes et son site à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Cette année, seule France 5 poursuit ce travail de sensibilisation à travers « Le Monde en face » qui diffuse deux documentaires inédits, suivi d’un débat animé par Carole Gaessler. Bien que d’inégale qualité, ceux-ci illustrent bien la fragilité d’un combat qui semble peu à peu porter ses fruits. Comme on le constate de manière saisissante aux premiers instants du film de Stéphanie Davoigneau, Après les coups, la reconstruction d’une femme.
Le 23 mars 2012, Alexandra Lange, accusée du meurtre de son mari, comparait devant le tribunal de Douai. Elle encourt trente ans de réclusion. Or, contre toute attente, l’avocat général réclame l’acquittement. Après douze ans de coups et d’humiliations, commence pour la jeune femme un lent retour à la vie qu’a saisi la réalisatrice pendant six mois, seulement. Malheureusement, cette courte durée, ajoutée à un manque de singularité du regard et d’écriture, laisse au spectateur un goût d’inachevé.
DOUBLE RÉVOLUTION
Rien de tel en revanche dans le remarquable travail effectué par Manon Loizeau et Sybille d’Orgeval qui reviennent sur le trop peu médiatisé combat des femmes yéménites. Fruit de plusieurs séjours délicats dans la capitale, Sanaa (le Yémen est considéré comme une des bases arrière d’Al-Qaida), ce film retrace, de février 2011 jusqu’à juin 2013, l’un des plus longs soulèvements du « printemps arabe ». Ou plutôt d’une double révolution : politique, d’une part, avec le départ en février 2012 du président Ali Abdallah Saleh ; et sociale, à travers des femmes qui, bravant fatwas et snipers du régime, ont pris place au premier rang du mouvement de contestation.

Parmi elles, les réalisatrices ont suivi trois femmes dans leur combat quotidien, leur rêve et leur incertitude. Nadia, une jeune étudiante, reconvertie en reporter, grâce à laquelle nous est donné de voir des images inédites sur les premières manifestations de 2011 ; Ehsan Dogesh, qui vécut avec ses cinq enfants pendant deux ans sur la « place du changement » ; et bien sûr, Tawakkul Karman, grande figure du mouvement, devenue à 32 ans la plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix, en 2011.
Entre la jeune reporter filmant pour garder les traces des luttes de son peuple, la Mère Courage qui exhorte les jeunes femmes à ne pas céder aux injonctions des salafistes voulant les renvoyer dans leur foyer et l’égérie de la révolution, s’exprime, malgré les peurs et les menaces, une volonté farouche d’en découdre pour ne plus revenir aux ténèbres. Et au-delà, la parole libérée de milliers d’invisibles auxquels ce film sensible rend un hommage vibrant.


Manon Loizeau et Sybille D’Orgeval - (France, 2013, 52 minutes).

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