Confrontés aux violences à titre professionnel et personnel, les étudiants en médecine ont, plus que jamais, besoin d’être formés à cette problématique. C’est ce que révèle une enquête nationale réalisée à l’initiative de l’association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), l’Université Pierre et Marie Curie (UPMC-Paris 6) et la Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF)*.
En France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son partenaire (ou ex-compagnon) et six femmes sur dix sont victimes de violences sexuelles au cours de leur vie. D’après l’OMS, les femmes victimes de violences perdent entre 1 et 4 années de vie en bonne santé. Les autres comorbidités fréquentes sont la prématurité des nouveaux nés, l’abus de substance psychoactives, la dépression et les problèmes gynécologiques.
Consciente de ce problème, l’association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) a réalisé une enquête sur le thème - sous forme de questionnaire en ligne - auprès de ses adhérents. Le questionnaire a été envoyé par courriel à plus de 32 000 étudiants entre juin/juillet 2013 puis en septembre/octobre dernier. Les 1 472 étudiants en médecine qui ont accepté de participer, ont répondu à 54 questions regroupées en douze items.
Jugement sévère
Les résultats présentés ce mercredi lors du colloque de la MIPROFmontrent que plus de 80 % des étudiants déclarent ne pas avoir reçu de formation sur les violences sexuelles, physiques, verbales ou psychologiques. Pourtant, plus de la moitié d’entre eux affirment avoir été confrontée, durant leur stage, à des patients victimes de violences, notamment des femmes. Deux tiers d’entre eux, connaissent, par ailleurs, dans leur entourage, des victimes de violences.
Plus de 60 % d’entre eux considèrent que la prise en charge des victimes de violences est inadaptée ou peu adaptée. Leur jugement est également sévère concernant, plus précisément, la prise en charge médicale des patients victimes de violence, des personnes de leur entourage ou d’eux-mêmes lorsqu’ils y ont été confrontés personnellement. En effet, 78 % estiment que la prise en charge médicale est peu ou pas adaptée.
1er, 2e, 3e cycle et formation continue
En tant que médecin, il est, en effet, très difficile de comprendre les mécanismes des violences envers les femmes, d’en faire le repérage et de prendre en charge les victimes sans avoir été sensibilisé à cette problématique sensible et complexe. Ainsi, 95 % des étudiants confient être intéressés par une formation sur les violences pour mieux dépister et traiter leurs conséquences.
Les résultats de cette enquête confortent ainsi la mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF)* sur la nécessité de la mise en place dans le cursus des études médicales d’un enseignement des violences en 1er, 2e et 3e cycles afin d’améliorer le repérage, la prise en charge et l’accompagnement des victimes. Une formation continue dédiée à cette thématique pour tous les professionnels de santé s’avère également indispensable.
« La consultation médicale doit permettre de rompre le cycle de la violence. (…) J’ai proposé - dans le projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes - que la formation initiale et continue des acteurs les plus confrontés aux violences intègre désormais une formation sur les violences intrafamiliales, les violences faites aux femmes ainsi que les mécanismes d’emprise psychologique », souligne Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, porte-parole du gouvernement.
La MIPROF devrait, d’ailleurs, être en mesure - d’ici fin 2013 - de diffuser le cahier des charges d’un plan de formation interprofessionnel.« Les ressources pédagogiques que nous avons recensées seront rendues accessibles via un site internet dédié. Dès 2014, des outils pédagogiques très concrets (fiche, mémento, support audiovisuel…) seront réalisés pour toutes les professions », précise Najat Vallaud-Belkacem.
La violence s’attaque aussi aux étudiants en médecine
Autre élément marquant de l’enquête : un certain nombre d’étudiants en médecine - et notamment d’étudiantes - interrogés ont avoué avoir déjà été victimes de violences dans leur vie personnelle. De fait, près d’un étudiant sur dix a été victime de violences sexuelles ; un sur quatre a subi des violences physiques et un sur trois a souffert de violences psychologiques.
Enfin, la moitié des étudiants sondés ont déjà été victimes de violences verbales. Les femmes sont, toutefois quatre fois plus nombreuses que les hommes à avoir souffert de violences sexuelles. Tandis que les hommes sont deux fois plus nombreux à avoir subi des actes de violence physique.
Autre élément marquant de l’enquête : un certain nombre d’étudiants en médecine - et notamment d’étudiantes - interrogés ont avoué avoir déjà été victimes de violences dans leur vie personnelle. De fait, près d’un étudiant sur dix a été victime de violences sexuelles ; un sur quatre a subi des violences physiques et un sur trois a souffert de violences psychologiques.
Enfin, la moitié des étudiants sondés ont déjà été victimes de violences verbales. Les femmes sont, toutefois quatre fois plus nombreuses que les hommes à avoir souffert de violences sexuelles. Tandis que les hommes sont deux fois plus nombreux à avoir subi des actes de violence physique.
› HÉLIA HAKIMI-PRÉVOT
*Créée par décret le 3 janvier 2013, la MIPROF est notamment chargée de définir un plan de sensibilisation et de formation des professionnels sur les violences faites aux femmes, en lien avec les ministères concernés. Contact : miprof@miprof.gouv.fr
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