Évoquant la nouvelle classification des troubles du sommeil dans le DSM-5, The American Journal of Psychiatry estime que les psychiatres devraient « apprécier le sommeil comme un comportement fondamental de l’être humain » et se rappeler que des troubles du sommeil peuvent avoir une incidence préjudiciable du point de vue médical, psychiatrique et psychosocial.
Les perturbations du sommeil interfèrent en effet avec de nombreuses affections mentales, dans une influence réciproque où ces deux types de pathologies (troubles du sommeil et psychiatriques) s’exacerbent mutuellement et nécessitent des prises en charge appropriées pour permettre une évolution optimale des intéressés. Confirmant cette interaction importante entre le contexte (médical ou/et psychique) et les troubles du sommeil proprement dits, le DSM-5 préconise de rompre avec la démarche antérieure du DSM-IV classant les troubles du sommeil selon leur étiologie. Cette nouvelle approche nosographique devrait permettre de souligner le fait que de nombreux patients souffrent de troubles du sommeil, indépendamment de leur pathologie médicale ou psychiatrique, et que si ces troubles s’enracinent dans diverses comorbidités, ils constituent cependant une dimension autonome des problématiques globales rencontrées en pratique par les cliniciens.
Par exemple, un psychiatre peut être conduit à traiter à la fois, chez un même patient, une dépression majeure et une insomnie tenace. Alors que le DSM-IV parlait d’un « trouble du sommeil en relation avec une autre affection psychiatrique », le praticien s’interrogera, selon cette approche du DSM-5, sur le type de trouble du sommeil dont souffre ce malade, parallèlement à son trouble thymique. Ce n’est pas seulement une question de terminologie, dans la mesure où un traitement efficace de la maladie mentale (en l’occurrence la dépression) ne s’accompagne pas toujours d’une amélioration simultanée des troubles du sommeil, ce qui suggère qu’il s’agit sans doute de deux pathologies certes coexistantes, mais bien distinctes. En négligeant d’associer le traitement du trouble du sommeil à celui de la dépression, on augmente le risque de rechute dépressive, vu l’altération persistante de la qualité de la vie.
La finalité de cette réforme de la classification des troubles du sommeil dans le DSM-5, c’est de « faciliter le diagnostic », vu l’ubiquité des plaintes relatives au sommeil en psychiatrie (et plus généralement en médecine), et de « préciser quand il est justifié d’orienter le patient vers un spécialiste des troubles du sommeil. »
Dr Alain Cohen
Reynolds CF III et O’hara R : DSM-5 sleep-wake disorders classification: overview for use in clinical practice. Am J Psychiatry, 2013; 170: 1099–1101.
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