21/11/2013
Des aliments mal conservés pouvant provoquer des intoxications, des médicaments périmés, une qualité d’hygiène catastrophique et des structures en mauvais état. Sans parler des conditions d’hospitalisation des patients. Ce tableau peu édifiant concerne 18 structures hospitalières fermées mercredi matin par les carabiniers italiens. Deux autres centres ont été placés sous scellés.
Après l’explosion du scandale sur les conditions sanitaires déplorables aux Urgences hospitalières notamment à Rome, le ministère de la Santé avait expédié ses limiers épaulés par les carabiniers dans les centres d’hospitalisation italiens, toutes catégories confondues. Durant les derniers mois, une opération coup-de-poing a donné lieu à plus de mille inspections dans les maisons de retraites et les centres pour personnes handicapées. Bilan de ce blitz : 174 violations du code administratif et 174 transgressions de la part du personnel médical relevant du pénal.
À titre d’exemple, les carabiniers ont levé le voile à Rome sur les pratiques peu orthodoxes d’une maison de retraite ayant ouvert de nouveaux locaux pour faire face au surplus de patients. Une façon d’éviter de devoir renoncer aux indemnités quotidiennes versées par la sécurité sociale à titre de prise en charge des malades. L’idée en soi est bonne sauf que la direction a utilisé des sous-sols en piteux état. Les murs étaient envahis par l’humidité et les taches de moisissure, pas de chauffage et encore moins de sanitaires. C’est dans cet endroit que trois personnes âgées avaient été placées dont une retrouvée dans un état de grave déshydratation.
Personnes âgées et handicapés
Dans un centre pour handicapés situé dans le nord de la péninsule, les carabiniers ont saisi les aliments placés dans un congélateur (notamment de la viande) dépourvus de certificats prouvant leur provenance selon la loi européenne en vigueur. Les produits étaient congelés sans aucune protection (sacs ou cellophane) donc en contact direct avec la glace formée dans le bac. La structure a été fermée et le directeur sanitaire placé aux arrêts préventifs. Dans le nord, à Cremone, une maison de retraite ouverte sans l’autorisation du ministère de la Santé a été fermée, les carabiniers ayant découvert des patients blessés et déshydratés.
Les carabiniers ont souligné l’absence de sanitaires et matelas spéciaux pour handicapés et la violation des normes de sécurité, les chambres étant surpeuplées. Ils ont aussi évoqué le manque général de personnel spécialisé et d’instruments médicaux de bases comme les sondes et les cathéters. Au niveau administratif enfin, le personnel n’enregistrait ni les données des patients ni le type de traitements prescrits. Dans ce contexte, établir un bilan médical précis des patients devient compliqué.
Au terme de cette maxi-opération de contrôle, 102 personnes ont été signalées aux autorités judiciaires et 192 aux autorités sanitaires qui devront prendre des sanctions s’agissant de personnel médical, paramédical ou de fonctionnaires de la Santé publique.
« Plus de 1 000 inspections ont déjà eu lieu et nous n’en resterons pas là, notamment en ce qui concerne les maisons de retraites. Il faut trouver les "pommes pourries" même si le système en général fonctionne », a déclaré le ministre de la Santé Beatrice Lorenzin. Cela veut dire beaucoup de pain sur la planche en perspective, les maisons de santé et les centres pour handicapés s’offrant ponctuellement les honneurs des unes de la presse transalpine.
› ARIEL F. DUMONT, À ROME
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