Que le téléconseil en santé soit gratuit ou payant à 15 euros la question avec réponse différée (sous 12 heures), quelle peut être la réponse du médecin interrogé par Internet sinon « consultez votre médecin traitant ». Toute autre réponse équivaudrait à une consultation médicale, sans examen du patient ni avoir pris connaissance de ses antécédents, de son dossier médical.
Exemples : « Docteur j’ai mal dans le ventre et je ne vais plus à la selle depuis 2 jours. Quel conseil me donnez-vous ? » La réponse, prévue d’être dévoilée dans les 12 heures, élude l’examen clinique pour éliminer une urgence médicale ?
Autre exemple : « Docteur, je suis trop grosse, je veux maigrir de 4 kg. Quel régime dois-je faire ? » Que répondre ? Si cette personne donne son poids, le résultat de ses examens biologiques, ses antécédents, ce n’est plus un téléconseil mais une « téléconsultation » et entre donc en concurrence avec le médecin traitant de cette personne !
Et si un incident survient du fait de l’absence d’un diagnostic immédiat, qui sera responsable ? Le médecin téléconseil ou un soi-disant bogue informatique ?
Le médecin de téléconseil n’entre-t-il pas aussi en concurrence avec le médecin traitant s’il demande à l’internaute de consulter (sans urgence réelle) un médecin spécialiste ou s’il lui suggère de compléter son bilan par un ou des examens sans connaître son dossier médical, mettant ainsi son médecin traitant dans une position délicate.
Des questions également se posent : Le médecin téléconseil fiche-t-il les patients internautes ? Et si oui, quel est le devenir de ces dossiers ? Le secret médical est-il réel ?
Au total (médecin téléconseil payant, plus médecin traitant) le patient a dépensé 38 euros, dont 15 euros non remboursés ni par la Sécurité sociale, ni par sa mutuelle pour obtenir un diagnostic et, si nécessaire, un traitement et/ou des examens complémentaires.
Qu’un patient débourse 38 € au lieu de 23 € (prix de la consultation du généraliste), ni la CNAM, ni le pouvoir politique n’y voient rien à redire ! Pourquoi dans ce cas, le médecin généraliste est immédiatement sanctionné par l’Assurance Maladie (en accord avec le gouvernement) pour dépassement abusif d’honoraires s’il ose appliquer ce tarif de 38 € à ce même patient ?
Mais peut-être ce procédé est sous observation de la CNAM et du gouvernement avec l’objectif de faire une OPA sur celui-ci, s’il est efficace, dans le dessein de diminuer le nombre de consultations en médecine libérale ?
Il y a quelques années, les étudiants en médecine apprenaient que les diagnostics médicaux étaient établis en 1er lieu par les examens biologiques, l’examen clinique était relégué au 2e, voir 3e rang et les cours d’anatomie avaient presque disparu. Ce jugement a été rectifié.
Actuellement, c’est l’informatique qui est à l’honneur. Le patient transcrit sur une machine ses symptômes (qu’il a déjà analysés sur Internet étant un pationaute averti) et attend de cette machine un diagnostic et son traitement sous les 12 heures pour 15 euros, assis dans son fauteuil le verre à la main (comme anxiolytique ?).
Je pose la question : fait-on réellement de la médecine ou du commerce médical puisque la demande ne peut être que croissante en jouant sur l’anxiété des gens par rapport à la maladie, le handicap ou... la mort ?
Le téléconseil n’est-il pas exclusivement un business qui, en créant artificiellement un besoin, « risque de rapporter gros pécuniairement » à ces précurseurs en toute impunité. Précurseurs qui seront finalement phagocytés (si ce n’est pas par la CNAM) par des grands groupes bancaires, mutuelles... ? L’argent n’est-il pas le premier vecteur de notre société ?
Docteur Jean HVOSTOFF
Dr Jean Hvostoff, Les Molières (Essonne)
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