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mercredi 13 février 2013


Quand la prison se substitue à la psychiatrie

le 14/02/2013

Un homme atteint de schizophrénie a été condamné à 8 ans d’emprisonnement pour une tentative de vol avec violence.


C’est une affaire un peu particulière que devait juger le tribunal ce mercredi. Si les faits, comme le remarqueront la procureur Edwige Roux-Morizot ainsi que M e Étienne Colin à la défense, sont simples, le contexte, en revanche, pose question. En effet, le 26 janvier 2012, le prévenu, âgé de 42 ans, s’est présenté au domicile d’une femme de 92 ans, rue Nicolas-Bornier à Dijon, en se faisant passer pour un agent EDF. Une fois que la victime lui a ouvert sa porte, il l’aurait brutalement bousculée pour entrer dans la maison dans le but, selon lui, de boire et de chercher de l’argent et des cigarettes.

La vielle dame souffre de plusieurs fractures, de contusions et, bien entendu, restera traumatisée par la violence de l’agression. Elle ne reviendra plus chez elle, dans sa maison de famille où elle a vécu avec feu son époux et où ont grandi ses enfants, pour terminer sa vie dans une maison de retraite.
Un voleur sans scrupule, une victime âgée, rien de très original et, pourtant, on apprend que l’homme est un malade mental, un psychotique atteint de schizophrénie et de troubles du comportement. Pour l’expert psychiatre, aucun doute, l’homme est dangereux s’il ne prend pas son traitement. Pour autant, son discernement n’aurait pas été aboli lors du passage à l’acte, mais seulement altéré. Concrètement, il est pénalement responsable.

De lourds antécédents

Un malade mental donc, doublé d’un récidiviste. La lecture du casier de ce prévenu un peu particulier est très édifiante : 16 mentions, essentiellement des vols, et, surtout, une lourde peine en 1998 : 20 ans de réclusion pour un vol avec violence ayant entraîné la mort. La victime était une femme âgée. Un dossier qui ressemble fort à celui qui occupait le tribunal dijonnais mercredi après-midi.
Après 10 ans passés derrière les barreaux, El Hosni El Ouazzani est ressorti, en libération conditionnelle. Libération finalement révoquée après des faits de dégradation, de vol, et deux séjours en hôpital psychiatrique.

Que répond la société ?

« Où est sa place ? » s’interroge la procureur. « La cour d’assises l’a jugé responsable de ses actes, les psychiatres ont décidé que sa place n’était pas en milieu psychiatrique fermé. On a laissé à la société civile et sa famille le soin de s’occuper de lui. »
La seule solution qui conviendrait serait-elle la prison ? C’est bien ce que l’on entend des réquisitions du ministère public qui demande 10 à 11 d’emprisonnement si la récidive légale est retenue.
« Que faire ? Où le placer ? Qui doit le prendre en charge et s’assurer qu’il suit bien des soins ? » s’interroge à son tour M e Colin. Et ces questions demeurent d’autant plus inquiétantes que les derniers mots prononcés par M. El Ouazzani seront d’une parfaite lucidité : « En prison, ça risque de s’aggraver… »
Et à sa sortie, que fera la société pour cet homme qui semble n’avoir sa place nulle part ailleurs qu’en prison 
?

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