Être là est d'abord un film sur le travail. Celui des soignants psychiatres, infirmières ou ergothérapeutes qui reçoivent, au coeur de la prison des Baumettes, les détenus, devenus, le seuil des cellules de soin franchi, patients. Énigmatique, le titre fait référence, selon Régis Sauder à "[sa] position de cinéaste, mais aussi à la volonté des soignants d'être au plus près des hommes en souffrance. Être là c'est aussi la question que se posent ces patients détenus, sur cette place occupée derrière les murs de la prison."
Dans un contexte de criminalisation de la maladie mentale, Être là est un film utile, "qui fait réfléchir sur la place à laquelle notre société situe les plus fragiles d'entre nous. Comment à l'intérieur même d'un lieu de détention aménager un espace de soin et d'écoute qui n'a rien à voir avec la détention." Les détenus n'apparaissent qu'à travers les visages des soignantes, filmées en gros plan. "Le travail de soin est d'abord l'écoute. L'outil premier est le visage, ce visage dont la vocation est d'être un miroir pour les patients. Je ne voulais pas incarner la maladie mentale (en filmant les détenus, ndlr). Elle se décrit par ces trajectoires de vie."
Régis Sauder affirme que sa vision n'a pas changé à la suite de la réalisation du film. "Je savais ce que j'allais trouver, l'éthique admirable des soignants. Mais ce qui a changé, c'est cette prison de classes : on y trouve les plus fragiles, les plus malades, les plus pauvres, les plus démunis, des fragments de vie brisées, un manque d'amour, l'échec de l'institution. On entend beaucoup de désespérance."
Le film actuellement au cinéma, restera à l'affiche de l'Alhambra - 2 rue du cinéma, Marseille 16 e - jusqu'au 25 novembre.
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