Inégalité de fréquence des maladies mentales, reflet des inégalités sociales
Des études ont montré qu’une répartition équitable des revenus dans un pays est corrélée de manière directe avec des indicateurs comme l’indice de confiance ou l’état de santé, et de façon inverse avec le taux de violence. En particulier, rappellent les éditorialistes du British Journal of Psychiatry, « les maladies mentales sont plus fréquentes dans les sociétés plus inégalitaires. » Dans une société basée sur la concurrence, expliquent-ils, cette association reflète la « sensibilité humaine aux relations sociales et à l’impact de la différence des revenus sur la hiérarchie sociale. »
Et cette vulnérabilité aux inégalités socio-économiques touche aussi l’Europe : au Royaume-Uni, le fardeau des troubles psychiatriques (burden of mental health problems) est ainsi très élevé, puisqu’on estime qu’« un million d’enfants (soit 10 % des jeunes britanniques entre 5 et 16 ans) souffrent d’une maladie mentale. » Aperçu : dans un établissement secondaire, sur 1 000 élèves, 50 souffrent d’une dépression sévère, 100 sont « en détresse » (distressed), 15 présentent un trouble obsessionnel compulsif, et 5 à 10 % (surtout des filles) un trouble des conduites alimentaires. Et cela ne s’arrange pas avec l’âge : « Au Royaume-Uni, une enquête menée en l’an 2000 a montré que 23 % des adultes ont souffert d’une affection psychiatrique au cours des douze mois précédents », 4 % connaissant même « plus d’un trouble. » Constat identique aux États-Unis : « Un Américain sur quatre est concerné par une problématique psychiatrique dans l’année écoulée et, au cours de leur vie, plus de la moitié des adultes éprouvent une maladie mentale. »
Selon des données collectées par l’OMS [1], cette association observée entre les inégalités sociales et la fréquence des maladies mentales concerne les pays riches, sauf l’Italie qui se distingue par « un niveau de troubles psychiatriques plus faible que celui attendu en fonction de ses inégalités de revenus. » Doit-on y voir une conséquence de sa fameuse loi 180 [2] , un hasard heureux, ou l’effet d’une exception culturelle (ou autre) ?
[1] http://www.hcp.med.harvard.edu/wmh/
[2] http://italie.alliance-psychiatrie.com/
Dr Alain Cohen
Pickett KE et Wilkinson RG : Inequality: an underacknowledged source
of mental illness and distress. Br J Psychiatry 2010; 197: 426-428.
Publié le 01/02/2011
Des études ont montré qu’une répartition équitable des revenus dans un pays est corrélée de manière directe avec des indicateurs comme l’indice de confiance ou l’état de santé, et de façon inverse avec le taux de violence. En particulier, rappellent les éditorialistes du British Journal of Psychiatry, « les maladies mentales sont plus fréquentes dans les sociétés plus inégalitaires. » Dans une société basée sur la concurrence, expliquent-ils, cette association reflète la « sensibilité humaine aux relations sociales et à l’impact de la différence des revenus sur la hiérarchie sociale. »
Et cette vulnérabilité aux inégalités socio-économiques touche aussi l’Europe : au Royaume-Uni, le fardeau des troubles psychiatriques (burden of mental health problems) est ainsi très élevé, puisqu’on estime qu’« un million d’enfants (soit 10 % des jeunes britanniques entre 5 et 16 ans) souffrent d’une maladie mentale. » Aperçu : dans un établissement secondaire, sur 1 000 élèves, 50 souffrent d’une dépression sévère, 100 sont « en détresse » (distressed), 15 présentent un trouble obsessionnel compulsif, et 5 à 10 % (surtout des filles) un trouble des conduites alimentaires. Et cela ne s’arrange pas avec l’âge : « Au Royaume-Uni, une enquête menée en l’an 2000 a montré que 23 % des adultes ont souffert d’une affection psychiatrique au cours des douze mois précédents », 4 % connaissant même « plus d’un trouble. » Constat identique aux États-Unis : « Un Américain sur quatre est concerné par une problématique psychiatrique dans l’année écoulée et, au cours de leur vie, plus de la moitié des adultes éprouvent une maladie mentale. »
Selon des données collectées par l’OMS [1], cette association observée entre les inégalités sociales et la fréquence des maladies mentales concerne les pays riches, sauf l’Italie qui se distingue par « un niveau de troubles psychiatriques plus faible que celui attendu en fonction de ses inégalités de revenus. » Doit-on y voir une conséquence de sa fameuse loi 180 [2] , un hasard heureux, ou l’effet d’une exception culturelle (ou autre) ?
[1] http://www.hcp.med.harvard.edu/wmh/
[2] http://italie.alliance-psychiatrie.com/
Dr Alain Cohen
Pickett KE et Wilkinson RG : Inequality: an underacknowledged source
of mental illness and distress. Br J Psychiatry 2010; 197: 426-428.
Publié le 01/02/2011
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