Un soir de l’automne 2013, Caroline, 22 ans, rejoint l’appartement parisien de son petit ami avec une bonne nouvelle : elle vient de décrocher son premier emploi chez un joaillier. Ils achètent une bouteille de vodka et se procurent un gramme de MDMA, poudre cristalline qui favorise l’empathie et l’humeur festive, également connue sous le nom d’ecstasy. Au milieu de la nuit, après avoir avalé plusieurs « parachutes » (façon de consommer la MDMA qui consiste à enrouler la poudre dans une feuille à rouler, puis à l’avaler avec un verre d’eau) de cette drogue de synthèse, la jeune femme meurt d’une hyperthermie.
Près de deux ans après le crash d’un Airbus A 320 de la Germanwings, intentionnellement provoqué par le copilote de l’appareil, Andreas Lubitz, l’évaluation de la santé mentale des pilotes de ligne est plus que jamais au cœur des préoccupations. Pour la première fois, des chercheurs de l’École de santé publique de Harvard (États-Unis) ont dressé un bilan.
Entre avril et décembre 2015, ils ont envoyé par courrier électronique un questionnaire anonyme à près de 3 500 pilotes professionnels de cinquante nationalités. Leurs résultats, publiés en décembre dans la revue Environmental Health, montrent que, sur les 1 848 répondants, 12,6% (233) sont dépressifs. Un chiffre élevé: 5% de plus que la proportion de personnes âgées de 20 à 75 ans ayant connu un épisode dépressif en 2010 en France. Par ailleurs, les chercheurs ont constaté que 4,1% d’entre eux avaient eu des pensées suicidaires dans les deux semaines avant l’enquête.