De la Première Guerre mondiale aux guerres d’indépendance, les con flits successifs du XXesiècle ont amené les psychanalystes à se pencher sur les soins à apporter aux patients traumatisés.
Les réponses ont évolué depuis Freud et ses élèves, avec, entre autres, les travaux d’un Fanon qui repensa les conditions de la psychothérapie institutionnelle dans le contexte de la guerre d’indépendance algérienne, tout en proposant sa propre version des traumas de guerre là où le politique fait effraction dans l’intime. Les services de psychologie des armées proposent des modèles précis de prévention des risques psychiques et de prise en charge des traumas de guerre.
La tendance au surdiagnostic en psychiatrie est dénoncée depuis longtemps. Dans la lignée du vieux dicton sur le danger du recours intempestif au praticien (« Un médecin vous soigne, deux médecins vous estropient, et trois médecins vous tuent »), certains s’élèvent contre le risque d’une abusive « médicalisation », un concept popularisé vers 1975 par l’essayiste Ivan Illich évoquant à ce propos (dans son ouvrage Némésis médicale) un « contresens tragique, une contreproductivité paradoxale, version moderne du mythe grec de la Némésis : quand leur développement dépasse certains seuils critiques, les grands services institutionnalisés deviennent les principaux obstacles à la réalisation des objectifs qu’ils visent. »
Les victimes de l'attentat de Nice pourront bénéficier de dix séances auprès d’un psychologue, remboursées à hauteur de 50 euros chacune, a annoncé mercredi la ministre de la Santé Marisol Touraine dans un communiqué.
"Les victimes, blessés et/ou témoins du drame" pourront bénéficier "sur la base d’une prescription délivrée par leur structure d’accueil, de forfaits de 10 séances auprès d’un psychologue, remboursées chacune à 50 euros", fait savoir Mme Touraine deux mois jour pour jour après l'attentat.
Après le suicide de cinq infirmiers cet été, les blouses blanches sont appelées à la grève ce mercredi par la Coordination nationale infirmière (CNI), pour réclamer des fonds supplémentaires et des meilleures conditions de travail. Lionel Lebourg, est infirmier psychiatrique depuis 26 ans dans un hôpital du Havre, où un de ses collègues s'est donné la mort. Il témoigne sur RMC.
"J'ai connu la psychiatrie dans laquelle on mettait de l'humain, on travaillait l'humain. Il y avait des effectifs qui étaient suffisants, on avait un nombre de médecins psychiatres suffisants. Et quand on avait des réunions de travail on parlait du patient.
Depuis le mois de juin, cinq infirmiers se sont donné la mort à Toulouse, au Havre ou encore dans la Sarthe. Franceinfo fait le récit de l'un de ces drames.
"Je vous souhaite du courage pour assumer cette responsabilité. Vous êtes toutes les deux responsables de mon suicide. Mesdames, je ne vous salue pas." Ce sont les derniers mots de Marc*, couchés sur le papier un vendredi du mois de juillet. Ce jour-là, Marc doit prendre ses nouvelles fonctions de cadre de santé. Mais il ne se rend pas au centre hospitalier où il exerce depuis 2012. Il reste chez lui. Il est à bout. Il veut en finir. Il prend un médicament à haute dose et sombre. A côté de lui, trois courriers. Trois écrits dans lesquels il évoque deux membres de la direction pour justifier ce geste, qui lui sera fatal. Marc meurt après quatre jours passés en réanimation.
Ce suicide, comme ceux de quatre autres infirmiers depuis juin, reflète, selon la Coordination nationale infirmière (CNI), l'un des syndicats de la profession, la souffrance du personnel. Elle a appelé à la grève, mercredi 14 septembre, et réclame des "actions urgentes". La CNI incite aussi infirmiers et infirmières à porter un brassard noir sur leur lieu de travail en signe de respect. Pourtant, dans les établissements concernés par les suicides, on pense peu à cette initiative. Le personnel – à la demande des collègues de Marc interrogés par franceinfo, leur établissement n'est pas nommé dans cet article – est encore secoué par la mort de leurs collègues respectifs.
Nouvel habillage sur les bus de la CTS parés de peintures primitives réalisées par des jeunes handicapés…
C’est du brut. Des coups de pinceaux, des masques africains, de l’art primitif qui a été choisi pour habiller les sept nouveaux bus de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS).
Des œuvres avant tout
Les peintures, réalisées par les jeunes de l’association Arahm, Aide aux handicapés moteurs, sont hautes en couleur et feront nul doute oublier cet hiver aux Strasbourgeois la grisaille du macadam. Ces nouveaux habillages de bus succèdent à ceux réalisés par d’autres artistes strasbourgeois prestigieux comme Tomi Ungerer, François Génot, Théo van Doesburg,Vincent Godeau ou encore Gustave Doré. Une vraie fierté pour la direction, les bénévoles de l’association et les jeunes artistes, et une belle fenêtre sur le Handicap.
Au moins cinq soignants se sont donné la mort cet été. Des drames qui mettent en lumière la souffrance des personnels hospitaliers face à leurs conditions de travail et au manque de réponse de leur hiérarchie.
Un cortège sombre et silencieux. Ce mercredi matin, devant l’hôtel de ville de Martigues (Bouches-du-Rhône), les blouses blanches vont se rassembler, à l’initiative de la Coordination nationale des infirmières (CNI), qui appelle également à la grève dans toute la France. Les participants «sont invités à porter un brassard noir sur leur tenue professionnelle pour un témoignage de respect à nos collègues décédés cet été».
S’agit-il d’une mise en scène un brin macabre ? Nullement. «C’est l’expression d’une grande inquiétude», note la CNI. Au moins cinq infirmiers se sont en effet suicidés depuis le mois de juin dans des structures médicales. Des drames isolés, d’abord personnels, tous impossibles à expliquer par une seule cause. Il n’empêche, ils se sont répétés. Et ces gestes désespérés semblent faire écho à un climat lourd et pesant que l’on ressent dans le monde des soignants.«C’est au minimum un symptôme, lâche un ancien directeur des hôpitaux. Dans tous les établissements, le manque de personnel et la hausse de l’activité fragilisent les gens. Mais on n’a rien fait, on s’y est habitué. C’est un paradoxe, mais dans le monde hospitalier, il n’y a aucune sensibilité à la souffrance au travail.»
C’est un fait biologique érigé en dogme depuis le XIXe siècle qui est mis à mal par des chercheurs de l’Université de Bath (Angleterre) et leurs collègues de l’Université de Regensburg (Allemagne). Ils sont parvenus à obtenir des souriceaux viables, sans avoir recours à des ovocytes, des cellules sexuelles d’origine maternelle. Jusqu’ici, les biologistes étaient persuadés que la présence d’un gamète femelle, l’ovocyte, était indispensable au développement d’un embryon.
Petit rappel, pour comprendre la portée de cette expérience : la reproduction sexuée fait normalement appel à ces deux gamètes, l’un femelle et l’autre mâle, comportant chacun un exemplaire de chaque chromosome, qui en fusionnant formeront les paires de chromosomes de l’embryon. Dans le premier cas on parle de cellule haploïde et dans le second de cellule diploïide. On croyait jusqu’ici qu’il s’agissait de la seule voie possible pour obtenir un organisme vivant. Depuis la brebis Dolly, il existe bien un autre moyen de créer artificiellement un nouvel organisme, par clonage, mais dans ce cas son patrimoine génétique est identique à celui de l’individu dont une cellule a été utilisée.
Passage obligé
Or, Toru Suzuki et ses collègues, dont les recherches ont été publiées mardi 13 septembre sur le site de la revue Nature Communications, démontrent pour la première fois que chez la souris l’on peut obtenir un individu unique à partir d’embryons et de spermatozoïdes, sans recours à des ovocytes.
Votée en juillet 2015, la loi sur la psychothérapie augurait de grands changements pour les professionnels de santé et les patients. Quels sont les psychothérapeutes qui peuvent encore exercer et où les trouver? Comment se faire rembourser ses soins par la Caisse Nationale de Santé? Lydia Mutsch, ministre de la Santé, nous répond.
La loi sur les psychothérapeutes est-elle entrée en vigueur pour tous les professionnels?
Depuis la date d'entrée en vigueur de la loi (le 14 juillet 2015, ndlr) tous les professionnels utilisant la méthode thérapeutique afin de traiter les troubles mentaux chez l'adulte, l'adolescent et l'enfant sont concernés.
Combien de professionnels ont reçu l'autorisation d'exercer?
Actuellement, 61 autorisations de pratiquer ont été délivrées et 110 dossiers sont encore en suspens. Ils seront traités par le Conseil scientifique qui se déroulera le 27 octobre.
Le nombre de professionnels dans le pays va-t-il diminuer au vu des critères linguistiques et de formation en psychologie exigés par la loi?
Tout le monde ne pourra pas continuer d'exercer puisqu'il faut être diplômé du master de l'université du Luxembourg et maîtriser parfaitement soit l'allemand, soit le français et comprendre les trois langues administratives du pays. La loi contient néanmoins une disposition transitoire de trois ans pour permettre aux professionnels de se mettre à niveau.
Depuis 2010, le centre hospitalier de cette commune de Haute-Savoie applique les 35 heures effectives pour le personnel non médical. Sans jour de RTT. Et en améliorant les conditions de travail. Un cas rare dans l’Hexagone.
« Nous n’avons jamais eu l’impression de faire quelque chose d’extraordinaire. Le bon sens nous a guidés. » Dans son vaste bureau aux murs couverts de photos, Christian Triquard, le directeur du centre hospitalier Gérard-Déplante de Rumilly (Haute-Savoie), spécialisé en rééducation cardiaque, ne cache pas sa surprise devant l’intérêt subit pour ses établissements. À peine 120 lits et quelque 435 employés en équivalent temps plein, si l’on inclut les personnels du centre de formation adjacent et des trois résidences, en face, hébergeant des personnes âgées.
Et pourtant. Les conseillers de Martin Hirsch – le directeur de l’AP-HP embourbé dans la renégociation du temps de travail des 75 000 agents (hors médecins) – l’ont appelé plusieurs fois. Christian Triquard a été également entendu par la mission d’évaluation du temps de travail dans la fonction publique, chargée cet été par le Premier ministre de dresser un état des lieux de la réglementation et des (bonnes) pratiques. Il est, enfin, devenu une guest star des colloques de la Fédération hospitalière de France, applaudi avant même de prendre la parole, au simple énoncé de ce qu’il a accompli.
LE MONDE| |Par Olivia Gross (patiente experte et docteure en santé publique, chercheuse au LEPS), Yves Ruelle (directeur adjoint du département universitaire de m...
Pour Olivia Gross, Yannick Ruelle et Rémi Gagnayre, chercheurs et enseignants à l’UFR santé, médecine et biologie humaine de Bobigny (université Paris-XII), les patients ont un rôle à jouer dans la formation des futurs médecins.
Les patients ont fait du chemin depuis un temps pas si ancien où leurs symptômes étaient exhibés dans les amphithéâtres des universités par de savants professeurs devant des étudiants au mieux indifférents à leur ressenti, au pire hilares. Aujourd’hui, si les patients reprennent le chemin des facultés, ce n’est plus pour faire voir leurs symptômes mais pour y être enseignants.
Apprendre des patients n’est pas nouveau, puisque c’est en cheminant à leur côté que les médecins acquièrent leur expérience , mais les savoirs délivrés par des patients enseignants sont d’un autre ordre.
Vivre avec la maladie, une source de connaissances
Pour comprendre ce changement significatif et l’intérêt des médecins pour les savoirs des patients, il faut se tourner vers l’Union européenne et en particulier vers les pays anglo-saxons. L’Union européenne incite ses Etats-membres, dans la lignée de recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à augmenter le pouvoir d’action des patients et à mener des actions de santé centrées sur leur expérience.
L’indexation du budget des hôpitaux sur leur activité réelle cristallise le mécontentement des personnels hospitaliers, qui y voient une des origines de leur mal-être au travail ces dernières années. Dénonçant « l’idéologie dogmatique de l’hôpital entreprise », le candidat François Hollande avait promis, en 2012, de « redéfinir le mode de financement de l’hôpital » pour mieux tenir compte de sa « mission sociale ». C’est finalement à quelques mois de la fin du quinquennat, mercredi 25 mai, que l’ancien député PS Olivier Véran, mandaté par le ministère de la santé, dévoile ses premières propositions pour réformer la tarification à l’activité (T2A), le système de cotation des actes médicaux qui régit depuis les années 2000 le financement des hôpitaux.
LE MONDE| | Par Emmanuel Hirsch(Professeur d'éthique médicale, université Paris-Sud-Paris-Saclay)
Ces derniers mois, cinq infirmiers se sont suicidés. Pour certains sur leur lieu de travail. De tels drames humains sont révélateurs des conséquences d’évolutions qui ont bouleversé les pratiques du soin à travers des décisions essentiellement d’ordre gestionnaire. Les valeurs constitutives de missions exceptionnelles assumées au service du bien commun sont bafouées par des procédures trop souvent contestables.
L’hommage qu’il convient de rendre à ces cinq professionnels de santé ne saurait se satisfaire de propos compassionnels. Il relève désormais d’une attention politique. La prévention de la « maltraitance institutionnelle » constitue une approche insuffisante et palliative, alors qu’il importe désormais de mener une concertation susceptible de réhabiliter et de respecter les fondements de l’engagement soignant.
Les injonctions à la vertu n’ont jamais protégé les jeunes des infections sexuellement transmissibles et des grossesses non prévues. Les adolescents manquent de lieux d’écoute et de parole.
Mouvements féministes, ministères, collectifs de pharmaciens, ils ont tous protesté. Finalement, mardi 6 septembre, le Conseil national de l’ordre des pharmaciens a annoncé le retrait de la clause de conscience qu’il voulait introduire dans la nouvelle version de son code de déontologie et qui pouvait aboutir à une remise en cause de l’accès à la contraception.
Cet épisode n’est pas l’unique manifestation de fortes résistances à reconnaître une légitimité à la sexualité des adolescents, celle des filles particulièrement, et la tendance certaine à la «remoralisation» de la sexualité. Des témoignages de jeunes femmes qui, en pharmacie, essuient un refus condescendant de la contraception d’urgence ont été relayés sur le Net. Connue pour son opposition au mariage pour tous et au Pass contraception, la conseillère régionale Rhône-Alpes Anne Lorne prône l’enseignement d’une «sexualité vertueuse pour que les jeunes apprennent à aimer avant qu’ils apprennent à jouir».
« Maintenant, je suis capable de dire ce que je ne veux plus vivre. Je ne veux plus vivre avec les cachetons, j’essaie de vivre en temps réel avec mes émotions, on n’est pas fichu, on a des capacités », s’enthousiasme Gilles (son prénom a été changé), le visage tendu par l’énergie du témoignage. Assis autour de la même table, les autres membres du groupe d’entendeurs de voix l’écoutent attentivement, l’air hébété pour certains, soulagés pour d’autres, d’être enfin parvenus à composer avec les voix qu’ils entendent. Gilles raconte ses tentatives désespérées pour construire une famille idéale, puis les hallucinations, des sensations de rats lui mordant les bras et les années de son parcours en psychiatrie, avachi et dégradé par la maladie mentale et les neuroleptiques.
Depuis sa rencontre avec le Réseau français sur l’entente de voix (REV), une association d’entraide entre personnes concernées par cette pathologie, il a pu enfin donner du sens à ses hallucinations et relier leur survenue à ses traumatismes « de quand [il] était p’tiot » pour pouvoir recommencer à vivre. Même si, à 52 ans, il ne sait pas « s’il [lui] reste beaucoup d’années à vivre, mais ça vaut quand même la peine». Laure (son prénom aussi a été changé), elle, est parvenue à sortir de la confusion pour admettre, le visage terrorisé, que oui, quand elle écoute de la musique, ces voix qui lui ordonnent parfois de tuer se taisent.
Les voix en images
Tous les quinze jours, les entendeurs de voix se réunissent ici, dans cette ancienne maison de maître de Tourcoing, dans la métropole lilloise, mise à leur disposition par l’ABEJ, une association de réinsertion pour personnes sans domicile fixe. Ils tentent, aidés par l’écoute bienveillante de leurs pairs, de donner du sens à ces voix qui ont brisé leur vie et de se rétablir. « Ici, chacun doit se sentir libre de parler de ses voix sans craindre d’être jugé. On peut quitter le groupe à n’importe quel moment, l’essentiel étant de s’y sentir respecté »,insiste Vincent Demassiet, le président du REV, qui ce jour-là facilite le déroulement de la réunion. « Nous en sommes à des stades divers de notre parcours de rétablissement mais chacun de nous, à son niveau, peut s’appuyer sur son expérience », précise cet ancien schizophrène.
Malades et soignants s’enthousiasment pour le REV, né aux Pays-Bas en 1988, dont les groupes se développent en France, avec le soutien de l’institution psychiatrique. Il s’agit pour ses membres non plus de guérir au sens médical du terme, mais de se rétablir, en prenant le dessus sur la maladie de manière à vivre avec et à reconstruire une vie sociale, affective et professionnelle. Avec, au centre de cette démarche, le patient, qui, par l’expérience de sa maladie, a acquis une connaissance qu’il peut partager au sein de groupe d’entraide. L’enjeu ? Rendre supportable la présence des voix.
Les infirmiers appellent à une grève nationale
mercredi 14 septembre après le suicide de cinq de leurs confrères. France 2 est
allé à la rencontre du service hospitalier d'un service d'urgence de nuit.