Le livre est remarquable et passionnant de bout en bout. Parce qu'il remet en cause nombre d'idées reçues, comme par exemple celle qu'il suffirait de construire davantage de logements sociaux pour que, par un effet de ruissellement, les mal-logés deviennent des bien-logés, libérant de la place pour les autres, donc pour les SDF. C'est une illusion, nous dit en substance l'auteur. Parce que nous confondons tout, et notamment l'insertion et la stabilisation, l'hébergement et le logement, le logement transitoire et le logement permanent, etc.
Par Jean-Pierre Olié, hôpital Sainte-Anne, expert près la Cour de cassation, membre de l’Académie nationale de médecine, Raphaël Gaillard, chef de pôle, hôpital Sainte-Anne, Philippe Charrier, président de l’Union national de familles et amis de personnes malades et/ou handicapés psychiques (Unafam)
Stéphane Moitoiret a été condamné à trente ans de réclusion aux asises pour un acte atroce, commis sans motif compréhensible sur un malheureux enfant de 10 ans que Moitoiret ne connaissait pas. Stéphane Moitoiret a commis l’horreur, nul ne le conteste. Les jurés du Rhône, après ceux de l’Ain qui l’avaient condamné à la perpétuité en appel, ont puni à hauteur de la gravité de son crime le monstre Moitoret. La vengeance est passée, la société est rassurée. Mais justice a-t-elle vraiment été rendue ?
Stéphane Moitoiret est-il à demi responsable ou totalement irresponsable ? Si des experts psychiatriques censés connaître les symptômes d’une maladie mentale ne sont pas capables de s’entendre sur cette question fondamentale, comment reprocher à des jurés d’avoir seulement puni l’acte odieux, sans considérer que celui qui l’a commis nécessite plutôt une prise en charge psychiatrique ? Comment accorder crédit à une expertise concluant à la responsabilité, en omettant que Moitoiret avait fait un séjour en milieu psychiatrique plusieurs années avant l’acte horrible à l’origine de sa comparution aux assises ? Comment neuf experts ont-ils pu s’entendre unanimement sur le diagnostic de trouble psychotique et en conclure, les uns, qu’il y avait altération du discernement, et les autres, abolition, et donc responsabilité partielle ou irresponsabilité, ce qui n’a pas les mêmes conséquences en termes judiciaires ? Ainsi, des médecins, se prenant pour des philosophes au lieu de faire leur métier de soignants, ont pu affirmer que, malgré sa maladie, le sujet gardait une part de libre arbitre et donc de responsabilité, et qu’il était donc justifié de le punir. Le plus sévèrement possible. Mais, attention, Moitoiret aura d’autant plus de difficultés à se soumettre à des soins que la société n’aura pas pleinement reconnu sa folie.
Le cas Moitoiret signe la faillite de l’expertise psychiatrique, incapable d’expliquer simplement à un jury d’assises que, même criminel, un malade mental grave doit être soigné. Parce que la médecine dispose d’outils thérapeutiques ; parce que, plus les soins sont précocement mis en œuvre, plus ils sont efficaces et mieux le malade peut en comprendre la nécessité ; parce que c’est la meilleure garantie de sécurité pour le malade et pour la société.
Au lendemain des fêtes, à l'heure des migraines et des rhumes, les petites boîtes jaunes de Doliprane ont la cote dans les officines. S'il est en vente libre, bon nombre de patients profitent d'une visite chez le médecin pour se faire prescrire et rembourser cet antalgique courant dont le principe actif est le paracétamol : sur les 237 millions de boîtes vendues en 2012, 190 millions étaient liées à une ordonnance. Montant de la facture pour la collectivité : 276 millions d'euros pour la Sécurité sociale (c'est le cinquième poste de remboursement) et 117 millions pour les mutuelles.
Pis, ce médicament, qui n'est pourtant protégé par aucun brevet, n'est toujours pas considéré comme un générique. Le pharmacien n'a pas le droit de lui substituer un autre paracétamol, bien qu'il en existe des dizaines sur le marché. La boîte de Doliprane 500 mg ou 1 000 mg étant vendue 1,95 euro contre 1,90 pour ces copies, le surcoût s'élève à 9,5 millions d'euros. L'emblème du laboratoire français Sanofi n'est pas le seul dans ce cas. Efferalgan et Dafalgan, les deux marques de paracétamol du britannique BMS, bénéficient de la même protection et du même prix. Les Français en achètent 180 millions de boîtes par an sur un marché total d'environ 500 millions, le paracétamol étant le médicament le plus consommé en France.
Dix-sept heures, un mardi de décembre 2013, à l'école André-Boulloche de la Paillade – quartier ouest de Montpellier, moins réputé pour ses résultats scolaires que pour ses barres de béton sorties de terre, dans les années 1960, pour accueillir pieds-noirs et travailleurs immigrés.
La cloche a sonné depuis une demi-heure, et pourtant, Bénédicte Voisin et Aline Legrand, enseignantes de CP et de CE1, tiennent leur auditoire en haleine. Face à elles, une trentaine de petites têtes uniformément brunes – écoliers d'origine marocaine, algérienne, turque ou africaine pour la plupart –, autant de mamans et une poignée de pères.
Aline Legrand saisit un livre, l'ouvre cérémonieusement. « C'est l'histoire de Ming », commence-t-elle, un grand-père chinois qui s'émeut, chaque jour, de tenir la main de sa petite-fille. Plus l'institutrice avance dans la lecture, moins les enfants s'agitent. Sur leurs lèvres, sur celles de leurs parents, le même sourire se dessine. Suivront trois autres « classiques » de la littérature enfantine. Vingt minutes pour « briser la glace », explique Bénédicte Voisin, avant que les parents ne soient invités à s'emparer d'un ouvrage. Certains avec plus d'aisance que d'autres.
C’est un de ces secrets honteux que l’on garde pudiquement par-devers soi : il n’y a pas assez de place, en France, pour les handicapés mentaux nécessitant une prise en charge permanente en dehors du foyer familial. La Belgique offre, depuis cinq décennies, une solution de secours aux familles françaises en détresse, avec des institutions spécialisées prêtes à accueillir ces personnes, soutenues par un financement public français.
Comme le montre l’enquête que nous publions aujourd’hui, cette délocalisation du handicap est en expansion. Le gouvernement français évalue à 6 500 environ le nombre de handicapés mentaux actuellement accueillis dans des établissements belges. Une partie de ces expatriations est le fait de familles de jeunes autistes, qui préfèrent le mode de traitement pionnier proposé en Belgique à celui pratiqué en France. Mais la majorité des personnes placées en Belgique le sont parce qu’elles n’ont pas pu trouver d’accueil en France.
La mise en oeuvre, depuis le 1er janvier, d'un droit d'admission de 25 euros pour les malades entrant à l'hôpital fait polémique en Grèce. Le ministre grec de la Santé a jugé samedi ce ticket d’entrée "justifié" malgré la vive opposition du parti socialiste, son partenaire gouvernemental. "Cette mesure est nécessaire et justifiée socialement", a déclaré le ministre, Antonis Georgiadis, sur la chaîne de télévision Skaï. Sorte de forfait hospitalier à la Grecque, la mesure est censée rapporter 40 millions d'euros annuels au budget des hôpitaux grecs. Les handicapés à plus de 80% et les personnes souffrant d'une pathologie chronique n'auront pas à payer ce droit d'admission, dû uniquement lorsque le patient passe une nuit à l'hôpital. Il a toutefois reconnu que l'absence d'exemption pour les chômeurs était "une injustice" mais expliqué que "dans la phase actuelle", une telle dispense n'était pas possible. La Grèce compte 27% de chômeurs. Début décembre, Médecins du monde avait estimé au même pourcentage le nombre de personnes sans couverture sociale.
Quel est le prix de la vie ? 35 000 euros. C’est du moins l’estimation de l’Institut national de la santé britannique, correspondant au prix d’un traitement permettant de gagner une année de vie supplémentaire. Au-dessous, l’organisme autorise, au-dessus, cela se négocie.
En mettant les pieds dans le plat au sujet du prix des médicaments, les autorités du Royaume-Uni ont soulevé et répondu à l’une des questions majeures de ce début de siècle. On pourrait d’ailleurs la formuler en termes proches en ce qui concerne la sécurité, l’éducation ou la culture. Car si tout n’a pas forcément de prix, tout a un coût.
Le développement de communautés en ligne, de blogs, de forums sur l’anorexie ou la boulimie encourage-t-il les troubles du comportement alimentaire (TCA) ? Un rapport intitulé « Les jeunes et le Web des troubles alimentaires : dépasser la notion de “pro-ana” », disponible sur anamia.fr, apporte un démenti à cette accusation fréquemment émise.
Ce rapport est le fruit d’une étude coordonnée par Antonio Casilli, sociologue à Télécom ParisTech, et Pierre-Antoine Chardel, philosophe à Télécom Ecole de management. Appelé Anamia (dans le jargon d’Internet, Ana et Mia désignent respectivement l’anorexie et la boulimie), ce projet de recherche, financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), a démarré en 2010, coordonné notamment par l’Institut Mines-Télécom et l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Il vise à étudier la structure, la fonction et l’influence des réseaux sociaux regroupant des personnes touchées par des TCA.
Si quelques-unes des boîtes de chocolats que l'on vous a offertes durant les fêtes ont survécu, mettez-les de côté pour vous livrer, à la maison ou au travail, à une expérience scientifique. La recette en a été donnée dans le British Medical Journal (BMJ), revue très sérieuse qui a néanmoins coutume de se déboutonner une fois par an à l'approche de Noël. Ainsi, le 14 décembre, le BMJ a-t-il publié une étude gentiment loufoque sur la durée de vie des chocolats en milieu hospitalier.
A l'origine de ce « travail », on trouve la générosité des patients, qui offrent des chocolats au personnel soignant pour le remercier de ne les avoir pas tués (dans le cas des familles et des héritiers, les motivations sont plus ambiguës). Or, explique l'étude, ces cadeaux sont sources de conflits, les différentes catégories de personnel (aides-soignants, infirmiers, médecins?) s'accusant souvent mutuellement de s'empiffrer au détriment des autres.
Comme la littérature scientifique ne disait rien sur le sujet, nos chercheurs ont décidé de combler cette lacune avec une rigueur et un humour tout britanniques.
La France de M. Hollande ? Un pays qui ne s'aime plus, décrivent les déclinologues. Une terre des opportunités confisquées et du matraquage fiscal. Un rafiot en perdition ballotté dans les eaux bouillonnantes de la mondialisation. Une vieille nation traînant son "identité malheureuse" comme un boulet. Il existe pourtant une autre France, un peu perdue de vue : "Un pays merveilleux et magnifique." C'est en tout cas la description qu'en fait spontanément Yana Tarasovo, une jeune Russe tombée amoureuse des Alpes durant ses études de commerce à Grenoble Ecole de management (ESC Grenoble). "Il faut avoir vécu ailleurs pour s'en apercevoir", précise cette Pétersbourgeoise de 22 ans. Son master en poche, elle vient de décrocher un CDD de six mois dans une entreprise de la région et compte bien poursuivre au-delà son histoire passionnelle avec la France. Elle n'est pas la seule.
Alors que la jeunesse française est invitée tous les quatre matins à "se barrer" sous des cieux qui seraient moins hostiles, les jeunes du monde entier affluent toujours plus nombreux vers notre vieil Hexagone. Au dernier palmarès de l'attractivité établi par l'Unesco, la France se place au troisième rang (290 000 étudiants étrangers par an) derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni, et devance désormais l'Australie. Quant à Paris, elle vient d'être élue "meilleure ville au monde pour les étudiants" par QS, un cabinet britannique spécialisé. L'indice de satisfaction de ces jeunes gens venus des cinq continents tourne même au plébiscite. Quatre-vingt-onze pour cent d'entre eux se disent satisfaits ou très satisfaits de leur séjour, selon la très récente enquête de TNS-Sofres pour Campus France, l'agence publique de promotion de l'enseignement supérieur et de la mobilité internationale. Neuf sur dix recommanderaient même notre pays pour y faire des études, voire plus si affinités.
A travers le monde, un peu moins de trois cents morts attendent de revenir à la vie dans des caissons réfrigérés. Des pionniers des années 1960 aux milliardaires immortalistes, en passant par de modestes citoyens refusant la mort, tous partagent un espoir : que la science permette un jour – dans cinquante ou mille ans – d’annuler les effets de la mort, considérée comme une « maladie » réversible.
Les « cryonics », comme on les appelle, ont payé de 12 000 à 200 000 dollars pour avoir « une chance d’éviter la mort », en faisant appel à l’une des trois institutions spécialisées existant dans le monde. Quelque 1 500 personnes supplémentaires ont déjà réservé leur ticket pour les rejoindre après leur décès.
Une étude britannique laisse entendre que les thérapies cognitivo-comportementales ont peu d'impact sur les symptômes de la schizophrénie. Elles ne parviennent pas à soigner les hallucinations. Lire la suite ...
Les événements difficiles de l’existence, autant de sources de stress important, augmentent le risque de souffrir de démence sénile.
Divorce, veuvage, problèmes graves concernant les enfants, maladie mentale chez le conjoint ou un proche, perte d’emploi (le sien ou celui du partenaire), isolement social… : ces facteurs de stress, de détresse et d’anxiété font le lit de la maladie d’Alzheimer.
L’objection de conscience des médecins qui refusent de pratiquer des IVG ne devrait pas être remise en cause par le gouvernement. La mesure fait pourtant partie des propositions que le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) a présenté jeudi mati pour un meilleur accès à l'Interruption volontaire de grossesse en France.
L’étude du professeur Ziri est un support pour beaucoup d’étudiants en psychologie et en psychiatrie qui traitent dans leurs mémoires de fin de cycle le phénomène de suicide. Le plus jeune sujet à avoir mis fin à ses jours avait 10 ans, selon le travail du directeur général du CHU Nedir Mohammed.
Le phénomène de suicide relance toujours le débat sur ce geste abominable qui frappe de plein fouet notamment la jeunesse en Kabylie. Un fait qui inquiète même les spécialistes. Ces derniers ont souvent ssayé de plancher sur les raisons du suicide mais sans arriver à donner plus de détails sur ce drame que connaît en silence l’Algérie en général et la Kabylie en particulier.
Les spécialistes remettent en cause la construction sociale algérienne basée sur le conservatisme, le conformisme et la domination patriarcale.
Après les accidents de circulation, viennent les suicides. Oran vit au rythme effréné des drames. Plus qu'un phénomène de société, le suicide, cet acte désespéré, est devenu un simple exercice dans une société en perte de repères sociaux El Bahia Wahrane. Les services des urgences médicales des structures sanitaires de la wilaya se sont acclimatés avec le phénomène dès que la personne ayant mis un terme à sa vie est admise, en délivrant le certificat de décès sur lequel est écrit «suicide par strangulation, ouverture des veines ou encore, ingurgitation de produits chimiques, pendaison etc».
Lesdits services ont, durant l'année en cours, recensé une quarantaine de cas de suicides et quelque 600 tentatives. Il est utile de rappeler qu'un tel phénomène, le suicide, a explosé en 2013, si l'on prend en compte les bilans de l'année écoulée où l'on a recensé 30 suicides et 546 tentatives. Aucune souche d'âge des deux sexes n'est épargnée, des jeunes, des moins jeunes, garçons et filles notamment les adolescents, hommes et femmes, des lycéens en cas d'échec au baccalauréat, des universitaires, des richissimes et des gueux attentent à leur vie.
Amina ne parvient pas à faire sortir les mots de sa bouche.
À la frontière franco-belge, existe un lieu hors du commun qui prend en charge ces enfants psychiquement et socialement en difficulté. Jour après jour, les adultes essaient de comprendre l’énigme que représente chacun d’eux et inventent, au cas par cas, sans jamais rien leur imposer, des solutions qui les aideront à vivre apaisés. Au fil de leurs histoires, « A ciel ouvert » nous ouvre à leur vision singulière du monde.
« Le territoire de ce que l’on nomme « la folie » m’a toujours intriguée, fascinée, voire effrayée, et en même temps j’ai toujours pensé confusément que l’on pouvait y comprendre quelque chose et, même plus, que la folie avait quelque chose à nous apprendre. Après Entre nos mains j’ai voulu me confronter à cette altérité contre laquelle la pensée rationnelle semble devoir buter.
Je me suis alors rendue dans de nombreux foyers et institutions pour « handicapés mentaux ». Au cours de ces longs repérages, j’ai découvert à la frontière franco-belge, un Institut Médico-Pédagogique pour enfants quasi unique en son genre en Europe, le Courtil.
L’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) vient de boucler un rapport explosif sur le fonctionnement du groupe hospitalier Paul-Guiraud, à Villejuif (Val-de-Marne), théâtre de violentes prises de bec entre la communauté médicale et la direction.
Ce document, réalisé à la demande de Marisol Touraine, n’a pas encore été rendu public mais a fuité dans la presse, provoquant de vives réactions dans le monde de la santé.
Dans son analyse de 90 pages, l’IGAS constate sans détour que la situation conflictuelle que connaît depuis de longs mois l’établissement de psychiatrie générale (13 secteurs, 461 lits) se traduit par « un état de relative paralysie des instances de gouvernance ».
A l'heure exacte, ritualisée, du goûter, les pensionnaires du foyer Arpèges, en Belgique, prennent en silence, quoique côte à côte, leur café sous la véranda, la plus vaste pièce de ce pavillon reconverti en foyer pour 21 handicapés mentaux français. Ils disposent d'une vue, par-delà le parking, sur une longue parcelle herbeuse, se partagent, à deux ou trois par chambre, sur trois étages, trois petites salles de bains, un salon empli de canapés tournés face à l'écran plat, et une minuscule salle d'activités.
A une demi-heure de voiture de Lille, Arpèges, institution privée créée il y a un an par un kinésithérapeute belge, a fait le plein en un tournemain. Elle n'est pas soumise aux normes françaises, qui imposent chambres et salles de bains individuelles, par exemple. Mais les délégués de l'association tutélaire Atinord, venus de France y visiter deux majeurs protégés, apprécient la « volonté de bien faire » de la direction. « Il y a un souci du résident, des projets de vie personnalisés, une bonne équipe d'éducateurs, un suivi médical sérieux, les locaux sont refaits à neuf, les activités variées. » Y compris en extérieur, avec, au choix, piscine, bowling, médiathèque ou équithérapie.
« Le haut du panier », conclut, en quittant les lieux, Alain Jacqmart, responsable Belgique d'Atinord, qui voit presque chaque mois sortir de terre un nouveau « home » wallon pour handicapés mentaux français. Selon les autorités sanitaires belges, près de 140 ont ouvert depuis 2000. Côté français, depuis 2005, trois rapports ont pointé l'ampleur du phénomène, en croissance depuis trente ans, dénonçant par là même le déficit d'accueil en France. Et évaluant à quelque 6 500 les handicapés mentaux français de tous âges hébergés en Belgique.
Une infirmière de 51 ans d'une unité pour malades difficiles (UMD) a été violemment agressée avec un pichet en fer blanc par un patient massif, de quelque 110 kilos, à l'hôpital psychiatrique de Cadillac (Gironde), spécialisé dans l'accueil de patients dangereux. L’incident a eu lieu lors du reveillon réunissant soignants et patients pour un repas de réveillon. L'homme a été stoppé et déséquilibré d'abord grâce à l'intervention d'un patient, puis rapidement d'infirmiers qui l'ont maîtrisé. L'infirmière a été opérée à Bordeaux pour un traumatisme facial, une fracture du nez et de l'orbite, et blessée au doigt, mais ses jours ne seraient pas en danger. Après cette agression le 31 décembre, plusieurs syndicats ont dénoncé vendredi une "insécurité croissante du personnel et des patients" liée à des problèmes d'effectif depuis juillet 2012, qui a vu les unités perdre un infirmier par tranche horaire. L'UMD de Cadillac, l'une de dix unités spécialisées en France pour l'accueil de malades psychiatriques présentant un danger pour autrui, compte quelque 85 patients. Et récemment, le "cannibale" présumé soupçonné d'avoir mangé le coeur et la langue d'un nonagénaire à Nouilhan (Hautes-Pyrénées) y a été transféré. Le syndicat FO a déposé un préavis de grève pour mardi à Cadillac, tandis que Sud a dit vouloir convoquer un assemblée générale en début de semaine, à la suite de l'agression.
"Je suis le fils d'un salopard qui m'aimait. Mon père était un marchand de meubles qui récupéra les biens des Juifs déportés. Mot par mot, il m'a fallu démonter cette grande duperie que fut mon éducation. À vingt-huit ans, j'ai connu une première crise de délire, puis d'autres. Je fais des séjours réguliers en hôpital psychiatrique. Pas sûr que tout cela ait un rapport, mais l'enfance et la folie sont à mes trousses. Longtemps je n'ai été qu'une somme de questions. Aujourd'hui, j'ai soixante-trois ans, je ne suis pas un sage, je ne suis pas guéri, je suis peintre. Et je crois pouvoir transmettre ce que j'ai compris. "
Kahina, 42 ans, passe tous ses week-ends loin de chez elle et de ses enfants. Elle rend visite à son mari, détenu à la Centrale de Clairvaux. Axelle, 36 ans, découvre cet univers : son compagnon vient d'être incarcéré à la prison de Fresnes et il risque jusqu'à quinze ans de réclusion. Virginie, 23 ans, a dédié sa vie à son compagnon Djamel, lui aussi détenu, mais elle doute parfois. Comment aimer un être dont on sait qu'il ne reviendra pas avant vingt ans ? Comment construire sa vie sans son compagnon ? La prison a envahi la vie de ces femmes et rythme l'existence de celles qui subissent, elles aussi, l'incarcération. Marie Bonhommet a partagé pendant des mois le quotidien de ces femmes amoureuses ; leur vie scandée par les parloirs, leurs petites joies et leurs grands moments de doute.
Qui connaît la réalité de la justice sociale ? Le dernier livre de Pierre Joxe est une plongée dans un univers d'une rare complexité où se débattent les plus démunis. Edifiant.
Ministre de François Mitterrand, notamment à l'Intérieur et à la Défense, puis premier président de la Cour des Comptes,Pierre Joxea siégé au Conseil constitutionnel de 2001 à 2010. Il publie aujourd'hui"Soif de justice. Au secours des juridictions sociales" (Fayard).
Extraits de l'interview publiée dans "Le Nouvel Observateur" du jeudi 2 janvier 2014.
"Soif de justice", le livre que vous consacrez aujourd'hui aux juridictions sociales, se situe dans la lignée du précédent, consacré à la justice des mineurs. Même méthode d'enquête, même mise en perspective historique. Quel est le lien entre ces deux justices peu connues du grand public ?
- C'est dans les antichambres des tribunaux pour enfants que j'ai d'abord mesuré les graves problèmes de cette justice-là. On passe beaucoup de temps à attendre dans les couloirs des palais de justice. On y parle, on y discute. J'y ai rencontré des mères - elles sont toujours là ! - ayant des problèmes d'enfants, des enfants à problèmes - et tous les problèmes de la précarité, de la pauvreté et souvent de la misère. Ce sont elles qui m'ont montré, tirés d'enveloppes ou de sacs en plastique, des papiers auxquels elles ne comprenaient rien, portant sur des affaires d'allocation pour un enfant handicapé, de RSA, de licenciement abusif ou de surendettement... Des enjeux financiers parfois limités - apparemment -, mais énormes pour des mères qui n'ont ni connaissance ni assistance pour faire valoir leurs droits. (…)
J'ai mesuré, à l'occasion de ces consultations improvisées, les conséquences terribles pour une mère célibataire victime d'un licenciement abusif des délais incroyables engendrés par la crise des prud'hommes. Faute de moyens ! Deux ans, trois ans d'attente, ce n'est pas rare à Bobigny si l'employeur condamné fait appel ! A tel point que, ces dernières années, l'Etat a été lui-même condamné plusieurs fois pour retard et déni de justice. (…)
Il y a là, selon vous, un déni de justice ?
- A proprement parler oui, aux prud'hommes. Ailleurs, on en est souvent proche. Les magistrats qui traitent les très nombreuses affaires d'accidents du travail aux Tass sont le plus souvent compétents et dévoués. J'en ai vu, en cours d'audience, faire même un vrai boulot de travailleur social, alors que cela aurait dû être effectué en amont. Mais ils sont débordés. Dans les CDAS, c'est pire.
Pour y voir clair, j'ai enquêté à Paris, en province, puis en Suisse, en Belgique et outre-Rhin. Peu de gens savent que les magistrats sont deux fois plus nombreux en Allemagne qu'en France, surtout dans la justice sociale. (…)
Le généticien américano-japonais Susumo Ohno inventa, en 1972, le terme « Junk DNA », que l’on traduit en français par « ADN poubelle ». Il s’agit des régions de l’ADN qui ne codent pas directement pour la fabrication des protéines. Cet ADN représente 98,5 % de la totalité de nos chromosomes. Il a fallu attendre 2005 pour réaliser qu’Ohno s’était trompé : ce prétendu ADN poubelle n’est pas inutile.
Jusqu’à l’an 2000 et l’arrivée des séquenceurs ADN modernes, les généticiens ne savaient séquencer que de minuscules segments de chromosomes. Ils ne s’intéressaient qu’aux gènes et négligeaient le reste des séquences ADN. Le raisonnement était circulaire : en ne séquençant pas l’ADN poubelle, on ne risquait pas de lui découvrir un rôle.
Pourtant, cet ADN a un rôle crucial dans la définition de nos caractéristiques physiques, médicales et intellectuelles.
L'homme torse nu sur la photo ci-dessus n'est pas un enfant de chœur. Le cliché date du 19 août 2010. Le 30 juillet précédent, John McCluskey, condamné à plusieurs décennies d'emprisonnement pour meurtre, attaques à main armée et enlèvement, s'est évadé d'une prison de l'Arizona en compagnie d'un co-détenu et avec la complicité de sa petite amie. Le 2 août, ils s'en prennent à un couple de retraités, Gary et Linda Haas, partis faire du camping avec leur pick-up et leur caravane. Estimant que sa seule chance de réussir sa cavale consiste à ne pas laisser de témoins derrière lui, McCluskey abat les Haas dans leur caravane qu'il abandonne peu de temps après, non sans y avoir mis le feu. Au cours des jours suivants, les trois fugitifs sont arrêtés.
Le procès a eu lieu en octobre 2013 et McCluskey a été déclaré coupable de l'enlèvement et du double meurtre. Restait à décider s'il devait être condamné à mort. Il y a quelques jours, un communiqué du ministère américain de la justice a annoncé que le jury fédéral réuni à cet effet "n'était pas parvenu à une décision unanime". Par conséquent, John McCluskey passera le restant de ses jours en prison.
Pourquoi raconter ce fait divers sur ce blog scientifique ? Parce que, ainsi que l'explique Wiredgrâce à qui j'ai découvert l'histoire, si le coupable de ce crime a échappé à l'injection létale, c'est probablement parce que ses avocats ont appelé les neurosciences à la rescousse et mis le cerveau de McCluskey au centre du procès. Ses défenseurs ont ainsi produit des images montrant ce qu'ils présentaient comme des anomalies de l'encéphale de leur client : atteintes du cervelet, taille anormale des lobes frontaux du cerveau, hyperactivité au niveau de ces mêmes lobes et des amygdales. Selon eux, tous ces points indiquaient que John McCluskey avait des problèmes pour planifier ses actes et maîtriser ses émotions. En bref qu'il pouvait avoir agi sous l'effet d'une impulsion biologique difficile à contrôler, ce qui pouvait être considéré comme une circonstance atténuante.