Je propose une mise en perspective de la rupture qui s'est effectuée dans les institutions psychiatriques depuis la fin des années 90 et les années 2000. Je ferai référence à Michel Foucault et à Jacques Lacan, mais ce que je vais dire ensuite, propos plus politique, n'est pas pour autant dans le droit fil de ce que l'un ou l'autre a dit.
Au sortir de la guerre, pendant laquelle de nombreux malades internés était morts de sous-alimentation, l'asile comme lieu d'enfermement devenait insupportable à ceux qui avaient connu les camps de concentration. Un courant anti-asilaire se développa, prit le nom de psychothérapie institutionnelle. Ce courant se voulait psychothérapique et pour cela se référait à Freud ; pour penser l'institution psychiatrique il se référait plus ou moins aussi à Marx. Il décrivait une double aliénation du fou : une aliénation mentale, et aussi une aliénation sociale du fait de la marginalisation sociale du fou organisée par la société. Ce courant a permis une réflexion sur la folie, sur la folie et sa place dans la société, il a mis en place des réunions institutionnelles et diverses initiatives permettant une ouverture sur l'extérieur de l'hôpital psychiatrique. Cette action et aussi l'invention de médicaments psychiatriques efficaces, à la fin des années 50 et au début des années 60, a permis un changement important des institutions psychiatriques. Et un débat sur la psychiatrie eut lieu, souvent en référence à Foucault et à Lacan.