Sourires crispés et démarche hésitante, douze hommes et femmes d'Europe et d'Amérique latine parcourent les longs couloirs aseptisés d'un centre d'examens médical de Rio de Janeiro, précédés de quelques "huiles" locales et suivis par une armée de journalistes. Dans quelques heures, ce lundi 23 septembre, le petit groupe se dispersera aux quatre coins de la périphérie carioca.
Ils sont médecins et s'apprêtent à exercer dans le cadre du programme "mais médicos" ("plus de médecins"), la première réponse concrète de la présidente Dilma Rousseff à la fronde sociale qui a déferlé sur le Brésil en juin. Ici 12, dans l'Etat de Rio, 58 à Sao Paulo, 62 à Bahia, 72 en Amazonie : ils sont au total quelque 680 professionnels formés à l'étranger, dont 400 Cubains, chargés de constituer l'avant-garde médicale voulue par le gouvernement dans ces zones où les praticiens brésiliens refusent de s'installer – les lointaines banlieues des grandes villes et les régions les plus démunies. Une deuxième vague est prévue en novembre, à laquelle 2 000 médecins cubains et 150 étrangers prendront part, selon le ministère de la santé. Près de 1 000 Cubains supplémentaires débarqueront encore sur le sol brésilien d'ici à la fin de l'année.
Amaya Foces, 43 ans, est un docteur espagnol à la parole facile : "J'ai la formation qu'il faut pour aider les familles à pallier leurs carences." Après une expérience en Angleterre, elle s'apprête à intégrer le poste de santé d'Itaguai, cité-dortoir de 110 000 habitants, à l'ouest de la ville.