par Laurent Berger, Secrétaire général de la CFDT, Eve Rescanières, Secrétaire générale CFDT santé sociaux et L’ensemble des secrétaires généraux des syndicats CFDT santé sociaux
publié le 7 juin 2022
Le temps des enquêtes est dépassé. Le diagnostic est posé depuis des années sur le malaise vécu par les personnels de nos hôpitaux publics. Tous les acteurs le partagent et reconnaissent qu’il est antérieur à la crise sanitaire. Elle a au moins eu le mérite de pointer l’extrême fragilité de notre système hospitalier. Au point qu’au plus fort de la pandémie, certaines mesures extrêmes, telles les confinements, ont été prises aussi pour le protéger. Et malgré nos craintes, il a tenu bon, mais à quel prix ?
Nous devons affronter une nouvelle crise : celle d’une pénurie majeure et inédite de professionnels sur l’ensemble du territoire. Son ampleur est telle qu’il faut nous attendre à de nombreuses fermetures de services en tous genres durant la période estivale. Nous en connaissons les conséquences en termes de pertes de chances, potentielles pour toute la population mais réelles pour celles et ceux qui ne trouveront pas de réponse à leurs besoins de prise en charge.
Simple application des droits
Les centres de formation aux métiers du soin ne font plus le plein, les jeunes professionnels fuient rapidement les conditions de travail qu’ils subissent dès leur premier poste et ceux dont la carrière est déjà bien avancée se demandent combien de temps encore ils pourront tenir. Certains en arrivent à choisir de se reconvertir dans des métiers sans aucun rapport avec leur choix initial de carrière.
Mais au fond, qu’attendent-ils de si extravagant ? Est-ce déraisonnable pour des soignants de revendiquer la simple application de leurs droits, au même titre que les autres travailleurs de ce pays ? Leur demande de bénéficier de deux jours de repos hebdomadaires et de trois semaines consécutives de congés payés est-elle exagérée ? Doivent-ils supporter, sans sourciller, de travailler dans des conditions que le manque d’effectifs rend exécrables sans être concertés sur les décisions qui les touchent, et accepter sans broncher de ne pas être rémunérés au niveau de leur diplôme en tenant compte des contraintes et des responsabilités qu’imposent leurs métiers ?
A chacune de ces questions la CFDT répond «non» et considère qu’il est temps maintenant que la société prenne soin d’eux ! Parce ce qu’aujourd’hui, l’hôpital vit dans le chaos. En vérité, il est tout simplement au bord du KO, et la pénurie de personnel médical et paramédical va durer. Nous ne la résoudrons pas à coups d’injonctions ou par des solutions de court terme que nous connaissons et qui n’ont jamais fait leur preuve.
Négociations urgentes
Dans l’urgence de la crise, c’est vrai, le Ségur de la santé a commencé à apporter des réponses, mais son volet qualitatif n’est pas achevé : le salaire ne fait pas tout ! Il est grand temps que le management hospitalier et la gestion des ressources humaines se fassent dans le respect de la législation et des personnels.
Cela suppose de garantir une qualité managériale, réduite aujourd’hui à des expédients bricolés unilatéralement. Cela impose de rendre les professionnels acteurs de leurs organisations du travail.
Pour la CFDT, nous ne traverserons pas cette nouvelle crise sans renforcer les liens du travail, sans une meilleure reconnaissance des professionnels, sans des négociations urgentes sur l’organisation du travail.
C’est la responsabilité de chaque directeur d’hôpital de s’y engager, c’est la responsabilité du gouvernement de le rendre possible.
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