La mémoire est un muscle et, comme tous les muscles, elle s’entraîne. Et comme tout ce qui s’entraîne, elle a donné naissance à un sport et à ses championnats, où des « athlètes de la mémoire » rivalisent en se rappelant des listes de mots, des décimales de pi, etc. Le dernier Championnat du monde de la mémoire s’est d’ailleurs tenu en décembre 2016 à Singapour. Mais qu’est-ce qui fait le talent des super-champions de mémoire ? Car s’il existe effectivement des cas innés de mémoire « eidétique », dont les possesseurs sont capables de se rappeler pratiquement tout ce qu’ils ont vu ou rencontré, ce n’est pas le cas de ces « sportifs cérébraux », qui affirment tous au contraire avoir été dotés à leur naissance de capacités tout à fait moyennes. Leur talent tient donc à une méthode.
Il existe plusieurs techniques pour augmenter ses capacités mémorielles, mais la plus efficace nous vient de l’antiquité : c’est le fameux « art de la mémoire » également nommé « méthode des loci » (Jean-Michel Cornu en a déjà fait une présentation dans nos colonnes).
En gros l’idée est de parcourir en imagination un lieu qu’on connaît bien, souvent appelé le « palais de mémoire » (par exemple, son appartement) et de placer tout au long de son parcours des images mentales censées rappeler un sujet qu’on doit mémoriser. Les orateurs de l’antiquité l’utilisaient pour se remémorer les étapes d’un discours, mais rien n’empêche d’utiliser cet art pour se rappeler des équations, des éléments d’un langage informatique ou des mots d’une langue étrangère. Très couru dans l’antiquité, au moyen-âge et à la Renaissance (Giordano Brunofut l’un des derniers adeptes de cette discipline), l’art de la mémoire était tombé en désuétude avec la diffusion de l’imprimerie. On avait oublié sa pratique, sauf chez les « champions de mémoire » qui n’ont jamais abandonné son usage.
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