Paris, le samedi 6 février 2016
Non ce n’était pas une «expérience sociologique en prime time ». Aucun animateur au sourire ultra brillant n’a débarqué dans sa chambre pour lui annoncer qu’elle était la vedette (la victime ?) d’une émission télévisée d’un genre nouveau. Non, ce n’était pas une mauvaise blague. Pourtant, à chaque fois qu’elle repense à cet instant, c’est ce sentiment de supercherie qui lui revient. Même si depuis, la souffrance qui l’a envahit (ou qu’elle a essayé de tenir à distance) lui apparaît sous un jour « différent ».
Recherches internet en salle de naissance
"Différent", c’est ce que l’on dit des enfants comme Louise. Non, d’ailleurs pour Louise c’est immédiatement un autre mot qui vient aux lèvres, presque sans fausse pudeur : trisomique. Et c’est pratiquement le premier mot qui est venu à l’esprit de Caroline Boudet quand elle a donné naissance à son deuxième enfant. C’était un nouveau-né à la tignasse brune, qui comme tous les nouveau-nés a cherché le sein de sa mère. Mais Caroline s’inquiétait. « Pardon de le dire… mais on dirait qu’elle est trisomique ? » lance-t-elle.
La sage-femme et l’infirmière sourient. Elles ont l’habitude des inquiétudes des femmes qui viennent d’accoucher. Louise est une petite fille magnifique. Pourtant, une fois seul, le couple entame des recherches frénétiques sur internet grâce à leur smartphone. Tente d’éliminer un par un les signes distinctifs de la trisomie. Quelques heures plus tard, c’est la pédiatre qui les exclura également, un à un. Louise n’est pas hypotonique, elle ne présente pas d’implantation basse de ses oreilles, ses plis palmaires ne sont nullement caractéristiques. Demeure la forme particulière de ses yeux. Souhaitant rassurer celle qui à l’instar de nombreuses autres mères doute, la pédiatre propose un caryotype. Vingt-quatre heures plus tard, l’annonce est une secousse sismique.
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