Après deux ans et demi d'existence, l'Observatoire national du suicide vient d'accoucher de son second rapport. Remis le 2 février à Marisol Touraine, celui-ci réaffirme les positionnements présentés en 2015 et confirme le besoin d'améliorer les efforts quant au système de surveillance des données.
Garant d'une expertise transversale pour approfondir la connaissance du suicide, l'Observatoire national du suicide a présenté son second rapportce 2 février 2016. Remis à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, le document poursuit le travail engagé avec le rapport 2014. Après la question du suivi et de la recherche l'an passé, les auteurs ont cette fois mis l'accent sur les données et actions menées sur le terrain par les associations, et sur l'analyse des facteurs de risques — pour lesquelles deux dossiers sont consacrés. Le tout assorti d'un panorama régional.
Avec 10 000 à 11 000 décès chaque année et quelque 80 000 personnes intégrées dans les services hospitaliers pour avoir tenté de mettre fin à leurs jours, la question du suicide, a rappelé Marisol Touraine, demeure "un drame de santé publique". Bien qu'en diminution, l'acte suicidaire reste pour la ministre révélateur d'un "échec collectif. [...] Charge à nous de le comprendre [...], charge à nous d'agir." Non contente de revenir sur les avancées portées par la loi de Santé en termes de prévention — via la lutte contre les inégalités d'accès aux soins —, la ministre a notamment promis que le texte permettrait "d'avancer très rapidement" sur la question du système de surveillance des suicides et tentatives de suicide, l'état des connaissances et sur les actions de prévention à implémenter. "L'ouverture des données médico-administratives, des données de l'Assurance maladie et des données hospitalières va permettre d'améliorer l'observation des prises en charge et donc de mieux percevoir d'éventuelles inégalités régionales, a-t-elle assuré. Dans le strict respect de la vie privée, nous permettrons par exemple aux chercheurs d'accéder aux données relatives aux causes de décès."
Données statistiques, une amélioration à parfaire
Cette perspective s'inscrit dans la droite ligne du travail précédemment engagé par l'observatoire. Jugée "encore perfectible" par les rapporteurs, la statistique des causes médicales de mortalité semble s'être légèrement améliorée. Recommandés par le rapport 2014, la refonte du certificat de décès et le déploiement du certificat électronique s'engagent. D'après les chiffres avancés par l'enquête CepiDC-Inserm, le pourcentage de certifications électroniques atteignait, en septembre 2015, les 10%. Loin de l'objectif fixé (20% fin 2015), ce bilan atteste néanmoins pour les auteurs d'une nette accélération du déploiement depuis la fin 2014. Évolution et dématérialisation complète du certificat de décès pour perspective des "deux années à venir", les professionnels rappellent par ailleurs le besoin d'une seconde adaptation réglementaire, cette fois sur l'encadrement de la certification médicale des décès. Une instruction serait d'ailleurs en cours. À noter par ailleurs le travail engagé pour la réalisation d'une étude pilote auprès des instituts médico-légaux sur l'utilisation d'un outil de recueil.
À l'instar de la poursuite de l'amélioration du système de surveillance, les professionnels se positionnent autour de cinq autres recommandations, dont beaucoup ne font que prolonger les propositions du précédent rapport. À savoir : développer l'approche populationnelle chez les jeunes ; favoriser les études sur le milieu carcéral ; développer des recherches combinant facteurs de risque et facteurs de protection ; déployer les actions de postvention ; mettre en place une nomenclature internationale du suicide. Sur cette base, et au vu des travaux qui lui seront remis dans les prochaines semaines par le Haut Conseil pour la santé publique (HCSP) et du rapport d'évaluation du plan psychiatrie et santé mentale, Marisol Touraine a annoncé "présenter une nouvelle feuille de route opérationnelle dans le courant de ce premier semestre".
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