Première année d'études commune aux paramédicaux et médecins, régionalisation des examens et mutation des épreuves classantes nationales. Les propositions de l'Ordre des médecins pour réformer le système de santé ont fait réagir. Un syndicat infirmier et deux formations de jeunes médecins montent au créneau.
Le 26 janvier dernier, le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) rendait public son livre blanc. Un projet "pour l'avenir de la santé" tenant en dix propositions, réparties sur trois axes. Parmi ces pistes de réflexions, certaines n'ont pas manqué de faire réagir les professionnels. La fronde vient d'abord des infirmiers, le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), mais aussi des jeunes médecins. Bien qu'associés dans le cadre de la grande consultation du Cnom, qui a servi de base à l'élaboration de ce livre, les étudiants, via l'Intersyndicat national des internes (Isni) et l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), ont communiqué ce 29 janvier sur leurs désaccords. "Ce document est issu d'une concertation à laquelle [l'Anemf et l'Isni] ont pu participer, mais dont ils ne partagent pas l'ensemble des conclusions", expliquent les deux formations.
Paces et présélection
Parmi les sujets qui suscitent réactions, celui de la présélection au concours première année commune aux études de santé (Paces) est estimée "inconcevable" par les jeunes médecins. Ces derniers dénoncent tant les complexités logistiques que cette proposition engendre, que sa remise en cause des principes et valeurs d'une université accessible à tous. L'ordre appelle en effet, dans son livre blanc publié deux jours plus tôt, à "mettre en place un socle commun à toutes les professions de santé en première année" d'études. Cette proposition fâche aussi les infirmiers. "Pour le SNPI CFE-CGC, syndicats des infirmiers salariés, la réponse est claire, c'est non, nous ne souhaitons pas que certains se retrouvent dans telle filière par dépit, au vu de ses résultats scolaires. Nos professions doivent se faire par choix. Que le Cnom s'occupe des médecins, il n'a rien à dire sur notre formation, les soignants ne sont pas à ses ordres", s'insurge son secrétaire général, Thierry Amouroux. Et le SNPI de rappeler un des chiffres phares de son enquête menée en novembre dernier, et à laquelle plus de 20 000 infirmiers, cadres infirmiers et infirmiers spécialisés ont répondu. 68% d'entre eux s'étaient alors dits hostiles à une première année commune aux formations paramédicales.
Suppression des ECN et note éliminatoire
De leur côté, les étudiants en médecine expliquent, dans leur communiqué, leur "opposition à la transformation des épreuves classantes nationales (ECN) en épreuves classantes régionales ou interrégionales" et apparentent cette modalité à "un retour en arrière" dans le choix des postes des internes. Ils craignent que cette mesure ne fasse naître des inégalités entre les régions et rappellent "qu'un tel changement ne garantirait par ailleurs aucun effet sur la démographie médicale, notamment sur l'exercice en zone sous-dotée, puisque la moitié des jeunes praticiens s'installent dans une autre région que celle de leur formation initiale". La régionalisation laisse aussi sceptique le SNPI. "Régionaliser la formation initiale" est "une mauvaise idée", résume le syndicat. "Que [les médecins] gèrent leur cursus de formation, nous ne sommes pas leurs sujets !", s'indigne le SNPI. Il estime aussi que des cours transversaux peuvent être mis en place sans fusionner les filières. Il encourage par ailleurs une réforme dans le sens du renforcement des filières fondé sur l'interdisciplinarité en respectant les cœurs de métier.
Au-delà de la réforme par région, ce sont aussi les modalités des épreuves proposées par le Cnom qui font réagir l'Anemf et l'Isni. Et surtout la mise en place d'une note éliminatoire : "Ce n'est pas une solution acceptable." Les deux formations demandent un "examen distinct des épreuves classantes" qui serait un prérequis à ces épreuves. Les jeunes médecins achèvent tout de même leur propos par une note positive. Ils saluent certaines propositions du Cnom, telles que la mise en place d'équivalences, la protection sociale et la réduction du temps administratif des médecins installés. Ils proposent enfin de s'associer au Cnom pour travailler sur la question spécifique de la démographie médicale.
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