Une analyse réalisée à partir de l'étude Framingham (Framingham Heart Study, FHS) suggère que, contrairement aux inquiétudes, le nombre de nouveaux cas de démence (maladie d'Alzheimer et maladies apparentées) aurait tendance à diminuer. Les résultats publiés dans le « New England Journal of Medicine » montrent que certains cas de démence pourraient être évités ou que l'âge de début de la maladie pourrait être retardé.
11.02.2016
L'étude de Framingham, commencée en 1947, est la plus ancienne étude épidémiologique dans le monde. Elle a notamment permis la plupart des découvertes sur les facteurs de risques cardiovasculaires.
Réduction de 20 % tous les 10 ans
La nouvelle analyse, menée grâce à une collaboration entre des chercheurs français de l'Unité INSERM 1219/École de Santé publique de Bordeaux et des chercheurs de la faculté de Médecine de l'Université de Boston, a comparé 4 périodes distinctes : 1970-1979, 1980-1989, 1990-1999, 2000-2009. Les chercheurs ont ainsi mis en évidence un déclin progressif de l'incidence de la démence à tout âge, avec une réduction moyenne de 20 % tous les dix ans depuis le début de la période d'observation.
Ce déclin était plus prononcé pour un sous-type de démence dû aux maladies vasculaires (démences vasculaires ou post AVC) ce qui illustre l'importance d'un traitement efficace des AVC et des mesures de prévention des maladies cardiovasculaires. La baisse de l'incidence des cas de démence a été constatée seulement chez des personnes avec un niveau d'étude d'au moins le baccalauréat.
Encourager la recherche
« Notre étude permet d'espérer que certains cas de démence seraient évitables – ou du moins retardés – grâce à une prévention primaire ou secondaire, a expliqué, le Dr Sudha Seshadri, professeur de neurologie à la Faculté de Médecine de l'Université de Boston et investigateur principal. Une prévention efficace pourrait réduire au moins en partie l'explosion du nombre de personnes affectées par la maladie dans quelques dizaines d'années. »
Selon les auteurs, ces résultats devraient encourager la communauté scientifique et les financeurs à mettre en œuvre de nouvelles études pour mieux comprendre les facteurs démographiques, environnementaux et ceux liés au mode de vie qui pourraient être à l'origine de cette diminution.
Les travaux à partir de l'étude FHS se sont régulièrement avérés être une source fiable de données. L'analyse a pris en compte les facteurs de risque comme le niveau d'étude, le tabagisme et les pathologies comme le diabète, l'hypertension et les taux élevés de cholestérol. Toutefois les auteurs concèdent quelques limites : les participants à l'étude FHS sont en très grande majorité d'origine européenne par exemple et de plus amples études sont nécessaires pour généraliser cette découverte à d'autres populations. De même l'impact des modifications du régime alimentaire ou de l'activité physique n’a pas été étudié.
Prévention primaire et secondaire
Malgré ces limitations, « la prévention primaire et secondaire et une meilleure prise en charge des maladies cardiovasculaires/AVC et de leurs facteurs de risque pourraient ouvrir de nouvelles perspectives à la fois dans leur rôle dans l'étiologie des démences et pour revoir à la baisse les projections actuelles quant au poids de la démence dans les prochaines décennies », affirme Carole Dufouil, directeur de recherche à Bordeaux.
Toutefois, le poids des démences pourrait continuer à augmenter, précisent aussi les auteurs du fait du vieillissement de la population et de l'augmentation de l'espérance de vie.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime à 47,5 millions le nombre de personnes atteintes de démences dans le monde. Elles seront 75,6 millions en 2030 et à 135,5 millions en 2050. En France, 900 000 personnes sont atteintes de la maladie d'Alzheimer et on estime que 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.
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