Le directoire de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) a décidé lundi 4 janvier, lors d’une réunion exceptionnelle, de lancer un plan d’action visant à prévenir et traiter les situations conflictuelles sur l’ensemble des 39 établissements du groupe hospitalier.
Réuni à la suite du suicide du Pr Megnien à l’Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) le 17 décembre, le directoire de l’AP-HP, présidé par le directeur général Martin Hirsch, compte « traiter les causes du mal » au-delà du cas du médecin cardiologue. « Trop de situations de conflits interpersonnels s’enveniment à l’hôpital et nuisent durablement à la qualité des soins et à la qualité de vie au travail », souligne l’instance dans un communiqué.
Éviter les erreurs de casting
Le directoire a défini les grandes lignes de ce plan d’action, qu’hôpitaux et universités doivent appliquer dans le cadre d’une « démarche conjointe ». Aucun calendrier n’a été défini pour l’instant.
Le premier volet du dispositif porte sur la prévention des situations conflictuelles.
Le directoire veut en priorité éclaircir les modalités de nomination et d’action des chefs de service et de pôle, afin d’éviter les erreurs de casting. À l’avenir, les établissements doivent « mieux prendre en compte les compétences managériales avant d’investir des praticiens de responsabilité », « mieux définir les responsabilités managériales qui incombent aux chefs de série et aux chefs de pôle » et « entourer les procédures de nomination […] de davantage de garanties d’objectivité ».
L’AP-HP souhaite aussi rétablir une durée limitée au mandat de chef de service, avec évaluation préalable avant tout renouvellement. « L’appréciation » de l’équipe médicale et paramédicale sur le management sera prise en ligne de compte.
La médecine de travail doit aussi être « renforcée » et la visite médicale des praticiens rendue « systématique » « une fois par an ou une fois tous les deux ans ». Les médecins doivent être « mieux protégés du burn-out ou de leur mise en danger dans le cadre professionnel ».
Toujours pour les médecins uniquement, les ressources humaines seront « repensées ».
Vivier de médiateurs
Le second enjeu consiste à mieux détecter et traiter les situations conflictuelles. Pour cela, le directoire exhorte chaque hôpital à créer un dispositif d’identification des situations à risque.
Les établissements doivent également se doter d’un « vivier » de personnes susceptibles d’intervenir « en mission d’audit, d’appui ou de médiation de manière plus systématique ».
Ces interventions seront déclenchées « plus précocement et plus systématiquement » et suivies de « décisions ». Sur ce point, le directoire va plus loin. Il appelle ainsi à « identifier les obstacles (statutaires, juridiques, organisationnels) qui empêchent de mettre en place ces décisions, qui ne sont, par définition, pas toujours consensuelles ». De même, les hôpitaux doivent « faire en sorte que le refus d’un individu ne puisse faire obstacle à une solution conforme à l’intérêt général ».
Chargé d’appuyer et de conseiller Martin Hirsch, le directoire de l’AP-HP est constitué des Prs Loïc Capron (président de la CME), Jean-Noël Garabédian, Ariane Mallat, Jean-Luc Dubois-Randé (représentant les doyens de faculté de médecine), Bertrand Fontaine (représentant au titre de la recherche) et du Dr Anne Gervais (vice-présidente de la CME). Côté direction, y siègent Carine Chevrier, Christine Welty, Pascal de Wilde, Françoise Zantman et Amélie Verdier.
Anne Bayle-Iniguez
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire