blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 7 janvier 2016

L’effet Lucifer dans les études de médecine



Reprocher, c’est facile. Crier au scandale quand on n’est pas concerné, également. On a souvent l’impression que le monde médical est la cible préférée des « fouteurs de merde » et autres appellations sympathiques qu’ont la plupart de ceux qui se contentent de promouvoir un peu d’humanité dans le soin. On ne veut tellement pas voir le sacro-saint monde médical terni dans son image qu’on va jusqu’à nier toute faille et à refuser de se remettre une seule nano-seconde en question.
Je crache, je crache. C’est facile. Quand on veut repérer les fautes pour les dénoncer, il suffit de surveiller un moment et immanquablement une bévue va surgir. Parfois, on s’en veut. Parfois, on s’en veut même terriblement. D’autres fois, on ne s’en rend pas compte, contexte oblige (urgence, fatigue, manque de personnel, situation délicate…). Et parfois, certains s’en foutent.
Première garde en gynécologie. Je pourrais vous raconter les choses que j’ai vue, qui m’ont choqué, blessé, dégouté. Pourtant, ça n’aurait aucun intérêt. Je vais vous parler de comment je me suis comporté comme une grosse merde, incapable de défendre des valeurs et des principes qui me tiennent particulièrement à cœur. Moi qui ai cru avoir l’audace et l’assurance nécessaires pour pouvoir m’y opposer, je me suis terriblement déçu.
La garde commence. Je débarque dans le service. C’est à peine si je connais les différents secteurs à chaque étage. Je n’ai pas encore commencé la gynécologie à la fac, et il va falloir que je prétende connaître, que j’affiche une certaine forme de certitude face aux patientes que je vais être amené à rencontrer tout au long de la nuit. Je n’en mène pas large du tout. Premier objectif, rencontrer les collègues et établir, si possible un bon contact. S’entendre avec les AS, les infirmières, les sages-femmes et les internes, c’est quand même vachement plus agréable. Le temps que l’interne arrive, je me présente, repère un peu les lieux, donne autant que je peux un petit coup de main aux paramédicaux, passe des coups de fils pour elles, etc.
L’interne débarque. Speed, dynamique, directive « ne mets pas tes mains dans le dos, ça m’énerve ! ». Mais sympathique malgré tout. Ce genre de caractère, la nuit, aide quand même à rester éveillé. Et puis, quelque part, moi qui était complètement perdu, une personne qui prend les devants, c’est plutôt bien. Je la suis, lui explique que c’est ma première garde, et nous allons ensemble voir une première patiente.

Aucun commentaire: