Pour l'Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), "l’isolement et la contention constituent des zones d’ombres de la psychiatrie". Elle signale à cet égard dans un communiqué du 3 novembre que des observations communiquées par ses représentants dans les commissions départementales des soins psychiatriques (CDSP) "font état de situations indignes dans certains établissements". L’Unafam indique ne pouvoir "accepter cette situation et souhaite que le corps médical s’oriente vers la suppression de ces pratiques". Elle avance notamment que "les rares études réalisées mettent l’accent sur les nombreux effets indésirables de la contention mais ne permettent pas de prouver son efficacité thérapeutique".
L'association estime qu'un "processus soutenu de révision des pratiques doit être réalisé". La révision "permettra d’élaborer dans un délai acceptable un guide de bonnes pratiques dans chaque établissement, en identifiant les actions de prévention qui ont été mises en place et celles qui auraient dû l’être pour éviter le recours à la contention et à l’isolement". La mise en œuvre, "également immédiate d’un registre des mises en isolement et en contention tel que prévu dans l'article 13 quater de la future loi de Santé constitue un impératif qui sera révélateur de l'état d'engagement de chaque établissement en ce domaine", écrit l'Unafam. Elle met en garde également en garde contre "la contention chimique, qui ne doit pas devenir une alternative à la contention physique".
L’union demande donc que les instances institutionnelles promeuvent "une prévention très en amont de l’utilisation" de la contention et de l’isolement par plusieurs leviers : la formation des équipes à la prise en charge de l’agitation et de l’agressivité, l’octroi de moyens adaptés et la sensibilisation aux principes de droits et de respect de la dignité des patients. Enfin, l’association demande que "la dignité de la personne soignée soit respectée tant dans le choix des lieux dans lesquels elle est contrainte, que dans les gestes médicaux qui lui sont appliqués".
Ces inquiétudes de l'Unafam font écho à l'initiative prise par le Collectif des 39* à la suite d'un colloque organisé le 9 septembre 2015 au Sénat. Il a en effet lancé le 16 septembre un appel intitulé "La sangle qui attache tue le lien humain qui soigne" pour dire non à la contention, texte signé par quelque 4 000 personnes à ce jour. Par ailleurs, la Conférence nationale des présidents de commission médicale d'établissement (CME) de CH spécialisé (CHS), qui a rencontré Adeline Hazan le 11 septembre dernier, "a fait part de son souhait de l'installation d'un observatoire national des libertés permettant d’objectiver au sein des services de psychiatrie la réalité des pratiques d’isolement et de contention" (lire ci-contre).
* Collectif créé en 2009 composé de psychiatres, de patients et de proches, pour la défense des droits des usagers en psychiatrie
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