Il y a d’abord eu les mots : « On va les défoncer ! », « cours, cours ! », « mets-lui une balle ! ». Puis les SMS : « S a tiré et tou sa par en couil ». Plus tard on a retrouvé les armes, à domicile ou abandonnées dans les buissons : un marteau, un tournevis, un arrache-clou, un couteau de cuisine, une bouteille, une crosse de fusil… Les regrets sont venus ensuite : « Tu as entendu ce qui s’est passé à Echirolles ? Il y a un jeune qui est mort, j’étais pas loin, j’ai vu le jeune tomber, ça m’a fait bizarre… »
Ce soir de septembre 2012, deux jeunes ont en fait été tués dans cette banlieue de Grenoble : Kevin Noubissi et Sofiane Tadbirt, deux garçons sans histoires de 21 ans, laissés pour morts dans un parc d’Echirolles après une spirale de violence déclenchée par un « mauvais regard ». Peut-on tuer en meute impunément ? Est-il possible qu’en se ruant à plus de dix, de nuit, sur deux rivaux, dans un brouhaha de haine et de violence, il s’avère finalement impossible de déterminer la part des responsabilités ? C’est tout l’enjeu du procès-fleuve qui s’ouvre, lundi 2 novembre, devant la cour d’assises des mineurs de Grenoble.
Pendant six semaines, les douze meurtriers présumés de Kevin et Sofiane seront jugés, vraisemblablement à huis clos : deux des accusés étaient mineurs au moment des faits.
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