Analysant les statistiques de l’épidémiologie psychiatrique entre 2009 et 2013 concernant les sujets nés entre 1950 et 1989, une étude réalisée en Norvège compare la prévalence et la nature des addictions à des produits toxiques (substance use disorders) associées comme comorbidités à trois grands types d’affections psychiatriques : schizophrénie, maladie bipolaire et dépression. Les prévalences de ces addictions ont été comparées en fonction du sexe, de l’âge, et de l’affection psychiatrique en question.
Les addictions se révèlent plus fréquentes dans la schizophrénie (25,1 % des cas), puis dans la maladie bipolaire (20,1 %), mais plus rares dans la seule dépression (10,9 %). On observe la ventilation suivante de ces addictions, relativement à l’alcool, ou à d’autres drogues (AD), et à la maladie mentale considérée :
1/schizophrénie : alcool seul = 4,6 % ; AD seule = 15,6 % ; association alcool + AD = 4,9 % ; 2/maladie bipolaire : alcool seul = 8,1 % ; AD seule = 7,6 % ; association alcool + AD = 4,4 % ; 3/dépression : alcool seul = 4,4 % ; AD seule = 4,3 % ; association alcool + AD = 2,2 %.
La prévalence de l’alcoolisme s’avère la plus élevée (19,1 %) chez les hommes d’âge mûr (middle-aged men) avec un trouble bipolaire (situation qu’on qualifiait autrefois de « cyclothymie arrosée »), tandis que la prévalence des addictions à d’autres drogues est maximale chez les hommes plus jeunes souffrant de schizophrénie (29,6 %). Excepté l’abus de sédatifs, toutes les addictions à des produits autres que l’alcool sont plus fréquentes chez les sujets schizophrènes que dans les autres groupes. Les addictions au cannabis ou à un produit stimulant concernent, respectivement, 8,8 % et 8,9 % des schizophrènes de sexe masculin.
Les résultats de cette étude confirment la « prévalence alarmante » des addictions à d’autres drogues autres que l’alcool (cannabis ou différentes substances) chez les jeunes patients souffrant de troubles mentaux graves, et incitent, soulignent les auteurs, à « encourager les efforts de prévention visant à réduire la consommation de drogues illicites », en particulier chez les adolescents, toujours plus vulnérables aux ravages physiques et psychiques de ces drogues.
Dr Alain Cohen
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