L’hospitalisation au long cours – pourtant à rebours de la politique de désinstitutionalisation menée depuis les années 70 – concerne encore 12 700 patients en 2011, soit 0,8 % des patients pris en charge dans les établissements ayant une autorisation en psychiatrie, rapporte une étude de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes).
Ces séjours représentent un quart des journées d’hospitalisation mais aussi un quart des lits, « un poids majeur dans les ressources, l’activité, et l’organisation des soins », lit-on dans cette étude.
Surtout, un grand nombre de ces hospitalisations longues sont jugées médicalement inadéquates, résultant du « cloisonnement » entre le sanitaire et le social et de l’absence de réponses médico-socialesadaptées.
En 2011, 77 % des patients suivis en psychiatrie dans les établissements l’ont été exclusivement en ambulatoire, et la durée moyenne des séjours d’hospitalisation dans l’année atteint 53 jours, deux fois moins qu’en 1980. L’hospitalisation au long cours concerne plutôt des hommes (64 %), âgés en moyenne de 47 ans. Les 30-60 ans sont surreprésentés, tandis que les plus de 60 ans sont sous-représentés, la plupart étant orientés vers des Ehpad.
Profils de patients
Selon l’étude, trois grands groupes de patients se distinguent : plus de la moitié (51,7 %) des patients hospitalisés au long cours, majoritairementmasculins, faiblement dépendants, souffrent de troublesschizophréniques. Un quart (23 %) sont des « nouveaux patients au long cours », majoritairement des femmes, plus âgées, souffrant de troublesaddictifs, de troubles mentaux organiques (démences) ou de troubles de la personnalité et du comportement. Ces patients sont moyennement dépendants. Enfin, 25 % des patients sont plutôt des jeunes lourdement dépendants, souffrant de retard mental ou de troubles du développement psychologique (autisme), hospitalisés pour 32 % d’entre eux depuis plus de 5 ans.
Source : Recueil d’information médicalisée en psychiatrie (Rim-P) 2011 ;
Recensement général de la population, Insee 2010.
Champ : France métropolitaine.
Les cliniques, parce qu’elles se sont spécialisées dans les séjours depostcure et de réadaptation sociale, accueillent 12 % des patients hospitalisés au long cours, alors qu’elles ne prennent en charge que 6 % de la file active totale suivie en psychiatrie. 80 % des patients hospitalisés au long cours sont pris en charge dans un établissementmonodisciplinaire public ou privé (spécialisé dans la prise en charge des maladies mentales). Pour 10 % des patients, l’hospitalisation au long cours s’est réalisée sur plusieurs établissements.
Ecarts de 1 à 30
Selon l’étude, les taux de recours à l’hospitalisation longue en psychiatrie (nombre de patients pris en charge au long cours dans l’année rapport à la population âgée de plus de 16 ans) varient de 2,2 (Alpes-de-Haute-Provence) à 68 pour 100 000 habitants (Haute-Saône), soit un rapport de 1 à 30.
De telles disparités sont en partie liées, selon l’Irdes, à l’offre de soins hospitalière spécialisée et la densité de lits en hospitalisation temps plein. « Une moindre contrainte sur la gestion des lits peut créer des conditions peu incitatives à la sortie des patients », lit-on. À l’inverse, dans les secteurs où les capacités d’hospitalisation en psychiatrie sont plus réduites, les équipes soignantes auront « tout intérêt à favoriser la fluidité des parcours et à éviter les séjours prolongés ». Autre facteur déterminant : plus l’offre médico-sociale est importante sur un territoire, plus le taux d’hospitalisation au long cours diminue.
Coline Garré
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