Ah, quel beau monde que celui que nous propose la psychiatrie high-tech ! Alors que la bonne vieille psychiatrie humaniste s’épuise, entre le manque de moyens et la fatigue de ceux qui la porte, voilà qu’arrive la psychiatrie de demain, portée par les labos, les chercheurs, et le monde virtuel.
Et, pour le moins, cette nouvelle venue est fière d’elle. Ainsi, c’est avec beaucoup de sérieux que la Fondation FondaMental - qui vante la recherche en santé mentale dans une grande proximité avec les industriels - vient de remettre ses prix, baptisés Marcel-Dassault 2014. Elle les a décernés à deux chercheurs qui travaillent sur l’utilisation des technologies dans les troubles mentaux, Joël Swendsen et Philippe Courtet.
Psychiatre et directeur de recherche au CNRS à Bordeaux, Joël Swendsen se présente comme «expert dans les technologies mobiles et objets connectés pour les troubles mentaux sévères», tels que la schizophrénie, les troubles de l’humeur, les troubles anxieux et les addictions. L’homme ne doute pas. Interrogé par le magazine Sciences et avenir sur l’intérêt des technologies mobiles, il répond : «Je vais vous poser une question simple : dans quel état mental étiez-vous le 1er novembre 2014 à 16 h 36 ? Bien évidemment, vous ne pourrez pas répondre à cette question. Et vous ne pourrez pas non plus me dire ce que vous ressentiez deux heures plus tôt, voire quatre heures plus tôt dans la même journée… Votre smartphone, lui, pourra fournir cette information, à condition de l’avoir enregistrée via une application.»
Quelle bonne nouvelle ! Et ce chercheur y croit : «Les technologies mobiles représentent l’avenir des traitements des maladies mentales. Elles permettent notamment d’accompagner les patients dans la prise de leurs traitements médicamenteux, de proposer des interventions thérapeutiques adaptées et de montrer les comportements "sains" à suivre pour chaque patient.»
Ce chercheur se dit frustré de ne voir les malades qu’à des moments particuliers.«Cela fait vingt-cinq ans que j’utilise les smartphones pour capturer la vie quotidienne. Cela nous permet d’interroger les patients qui répondent à des questions préprogrammées sur leur mobile lorsqu’elles se déclenchent, ainsi que lorsqu’ils ressentent les symptômes de leur maladie.» Et encore : «Capter les pensées au moment où elles s’expriment et d’une certaine façon être au côté du patient au moment où il va mal, voilà l’enjeu», explique-t-il au Figaro. Voilà donc la prise en charge de demain. Une omniprésence virtuelle qui manque singulièrement de chaleur, mais ce n’est pas grave, votre smartphone trouvera bien vite une réponse.
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