L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Alliance mondiale pour les soins palliatifs publient pour la première fois ce mardi un Atlas des besoins en soins palliatifs dans le monde (« Atlas of Palliative Careat the End of Life »). Selon ce document d’une centaine de pages, seulement 10 % des patients en fin de vie ont accès à des soins palliatifs qui, précise l’OMS, ne peuvent se réduire au seul soulagement de la douleur.
Parmi ces patients en fin de vie qui devraient bénéficier d’une prise en charge à la fois médicale, psychologique, médicosociale, y compris le soutien à leurs proches, environ un tiers est atteint d’un cancer en phase terminale. Dans les trois quarts restants, on retrouve toutes les malades en fin de vie souffrant de maladiescardiovasculaires (38 %), maladies respiratoires chroniques (10 %), diabète (4,5 %)... y compris les personnes infectées par le VIH (5,7 %) ou atteintes de tuberculose multirésistante.
20 millions de personnes par an
L’OMS estime que, chaque année, plus de 20 millions de personnes devraient bénéficier de soins palliatifs. Parmi eux, 6 % sont des enfants. Ce nombre pourrait être évalué à 40 millions si les soins étaient institués de façon plus précoce. Or en 2011, 3 millions de patients ont réellement bénéficié de ces soins et pour la majorité d’entre eux, à la toute fin de leur vie. Cette année-là, 54,6 millions de décès ont été enregistrés dans le monde dont 66 % dus à une maladie non transmissible.
Selon la définition de l’OMS, les soins palliatifs ne concernent pas que la phase terminale notamment chez les enfants atteints de maladies graves. « Les soins palliatifs commencent dès l’annonce du diagnostic et doivent être maintenus même si l’enfant reçoit un traitement curatif », indique le rapport. L’OMS considère que la notion de soins palliatifs ne dépend que des besoins des patients et ni du diagnostic ni du pronostic et qu’il n’y a pas de limite de temps pour les instituer. Sont concernés non seulement les services de soins palliatifs avec des spécialistes de soins palliatifs mais aussi les professionnels de soins primaires et les spécialistes qui prennent en charge des patients atteints de maladies graves. Par ailleurs, souligne l’OMS, l’approche palliative doit concerner tous les professionnels de santé.
Des soins dans 20 pays
Plus de 80 % de ces besoins non couverts concernent les pays en développement de bas ou de moyen niveau économique. De manière plus significative, le rapport révèle que seulement 20 pays* dans le monde disposent de soins palliatifs parfaitement intégrés au système de santé.
« L’Atlas montre que la très grande majorité des besoins en fin de vie concerne les maladies non transmissibles », souligne le Dr OlegChestnov, directeur général assistant pour les maladies non transmissibles et la santé mentale à l’OMS. Il rappelle les efforts actuels entrepris pour lutter contre les maladies les plus meurtrières que constituent le cancer, les maladies cardio-vasculaires et pulmonaires pour mieux mettre l’accent sur la nécessité aujourd’hui« de soulager la souffrance des personnes atteintes de pathologiesévolutives ne répondant pas à un traitement curatif ».
Les auteurs de l’Atlas appellent tous les pays à intégrer les soins palliatifs comme une composante essentielle de tout système de santé moderne, ce qui suppose de lever quelques obstacles comme l’absence reconnaissance des soins palliatifs dans les politiques de santé publique, le manque de moyens nécessaires à la mise en place de services adaptés et l’insuffisance de formation des professionnels de santé ou la méconnaissance par le public des bénéfices de tels soins.
L’OMS espère que l’accès aux soins palliatifs devrait être à l’agenda de la 67e Assemblée mondiale de la santé qui doit se tenir au mois de mai prochain.
Dr Lydia Archimède
* Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, États-Unis, France, Hong Kong, Irlande, Islande, Italie, Japon, Norvège,Ouganda, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Singapour, Suède, Suisse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire