PUBLIÉ LE 29/01/2014
Que la question est difficile, voire insurmontable… En proposant une représentation d’« Une mort moderne » aux étudiants en médecine de la Catho, le 4 février, le père Bruno Cazin, président-recteur délégué, provoque la réflexion autour de la question du suicide assisté. Une solution qu’il juge bien trop réductrice face à la complexité humaine, à l’interdépendance des relations…
« Deux choses s’affrontent, l’argent et l’utilité sociale. » Au détour d’un monologue incisif, provocateur et intelligent porté par Bruno Tuchszer (lire ci-contre), c’est toute la question du suicide assisté qui resurgit. « La pièce utilise un certain nombre d’arguments de personnes favorables à cette option et engendre, à ce titre, le débat. » En proposant à ses étudiants une représentation d’Une mort moderne, le père Bruno Cazin, praticien hospitalier au CHR, président-recteur délégué de l’Université catholique de Lille, joue la carte du sens. « Faut-il accéder aux demandes de ce type ? »
La réponse ne restera pas longtemps en suspens. Pour Bruno Cazin, la complexité de la vie rend illusoire la volonté de vouloir maîtriser sa mort. Au point de livrer un paradoxe édifiant : « Sous prétexte de vouloir calmer les souffrances, j’ai l’impression que l’on introduit davantage de violence dans notre société. » Recourir à des facteurs d’humanisation, développer l’écoute, la présence dans l’accompagnement, lui apparaissent comme autant de données fondamentales. « Si jamais on légitime le suicide assisté ou l’euthanasie sous une forte pression sociale, nous nous affranchirons d’un tabou. Les exceptions inciteront d’autres personnes à se donner la mort.»
« Rendre la fin de vie plus supportable »
Le débat est lancé grâce à un vecteur théâtral dont la… modernité interpelle. « Je coûte cher, je vais être dépendant… Une personne a-t-elle une valeur intrinsèque ? », poursuit le père Cazin. Le recours au suicide assisté peut-il résister à la subtilité humaine ? « Nous sommes plus que pure raison, des êtres sociaux, affectifs, relationnels. » Comment évaluer toutes ces composantes dans le cadre d’une décision finale ? Le père Cazin préfère inverser le prisme. « On doit plutôt s’interroger sur ce qui pourrait rendre la situation de fin de vie plus supportable. » Dialogue, respect, douceur… « La loi Leonetti me paraît satisfaisante, mais insuffisamment appliquée. » Un débat dans le débat.
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