23 août 2013
Pourquoi certains faits divers extraordinaires passent-ils inaperçus ? Est-ce quand il n’y a ni cave, ni étang, ni enfant à la clé ? Ou que les enfants ont passé l’âge de l’être ? L’action se déroule en janvier 2012. Les composants en sont des jumeaux sexagénaires et mathématiciens de haut vol, qui vivent chez leur maman, 96 ans. Leurs études convergent autour de la «propagation des singularités variables pour des opérateurs pseudo différentiels à symboles réels». Ils s’intéressent aussi à l’équation de Schrödinger. Schrödinger ? Oui, celui du chat, dont on se rappelle qu’il peut être en même temps vivant et mort. Un matin de janvier, donc, les frères Bernard et Richard Lascar (les noms n’ont pas été changés), frappent à la porte de leur aîné, âgé de 65 ans, médecin domicilié à Paris, dans le XVIIe arrondissement. Pas de réponse. Ils s’acharnent alors à coups de flingue sur la serrure, et, constatant l’absence du praticien, prennent la fuite «dans un état d’agitation extrême» selon les témoins. Ils sont poursuivis par la police, alertée par les voisins, eux-mêmes inquiétés par les détonations. Ils trouvent refuge chez eux, dans un pavillon de Pantin (Seine-Saint-Denis).
Commence alors un fort Chabrol de plusieurs heures. Outre leur passion pour les sciences dures, les Lascar en développaient aussi une pour les armes de guerre, qu’ils détenaient en grande quantité - une quarantaine, «de très grande qualité» selon les enquêteurs, dont un fusil-mitrailleur qu’ils avaient installé dans l’entrée du domicile de leur mère, qui n’a pourtant rien d’une Ma Dalton. C’est elle, une fois le quartier bouclé et le pâté de maison évacué, qui, la première, après les échanges de tir avec les policiers de l’antigang, va se rendre aux forces de l’ordre. L’un des jumeaux, Richard, tente d’en faire autant, mais Bernard l’en empêche. Après un nouvel échange de tir, Richard se rend, mais Bernard, blessé à la main, résiste. Après deux heures d’attente, on entend une détonation dans le pavillon. Bernard Lascar vient de se tirer une balle dans la tête. Si le début des événements a été suivi par une radio périphérique et que les faits ont été relatés dans le Parisien, l’affaire n’apparaît pas dans les autres quotidiens. En raison de la personnalité des protagonistes ? On ne nous a pas habitués à tant de scrupules avec les gens connus. L’âge des primo-délinquants, la gémellité, les mathématiques, les armes, les spéculations autour du chat mort-vivant : tout aurait pu donner lieu à des spéculations. On ignore le sort du survivant. Mais on connaît en revanche la raison du coup de sang des jumeaux. Le grand frère voulait faire interner l’un d’entre eux, en phase d’exaltation. La suite des événements montre qu’on ne peut pas lui donner entièrement tort.
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