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mardi 16 juillet 2013

Le vieillissement de la population joue pour peu dans l'augmentation de l'activité hospitalière

 12/07/13 
Régulièrement invoqué comme facteur majeur de la croissance des dépenses hospitalières, le rôle du vieillissement de la population, "phénomène exogène et inéluctable", est examiné dans le dernier rapport de l’assurance maladie sur les charges et produits 2014. Contre toute attente, les conclusions nuancent fortement ce diagnostic.
L’impact du vieillissement s’avère très limité : 0,5 à 0,7 point de croissance par an. Loin d’être "une déferlante", pour reprendre les mots du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM). Aussi, et alors que le volume d’activité hospitalière a augmenté de 5,6% entre 2009 et 2011, la caisse nationale a souhaité décrypter les réelles causes d’une telle hausse. Pour conduire cette analyse, elle s’appuie pour cela sur les données fournies par l’Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH - lire aussi nos sujets du 11/07/2013,09/07/2013).

Les pratiques de soins, pierre angulaire de l’évolution de l’activité hospitalière

Si le nombre d’hospitalisations par patient reste stable, les chiffres attestent de l’augmentation de patients traités. Plus 2% en deux ans. Conforme à l’hypothèse répandue du rôle qu’y tiendrait le vieillissement de la population, ce résultat global occulterait cependant un paramètre essentiel. Effet mécanique des facteurs démographiques mis de côté (augmentation de la population française et évolution de la pyramide des âges), le rapport insiste en effet sur l’importance des pratiques de soins dans l’évolution de l’activité hospitalière.
En veut pour preuve le nombre de séjours dans le champ de la médecine : malgré un taux de vieillissement de 3,1%, les séjours n’augmentent que de 1,2%. En cause, la diminution significative des recours à l’hospitalisation (-1,8%), imputable au "succès de la politique de prévention et de maîtrise des hospitalisations évitables". Exemple inverse, les activités chirurgicales tendent quant à elles à majorer le taux d’hospitalisation, majoration due notamment à la plus grande diffusion des interventions à âge donné (cataracte, cardiologie interventionnelle…).

L’effet de structure responsable pour deux tiers du volume d’activité

Avec 3,7% d’augmentation de l’activité hospitalière vers des séjours "plus lourds et plus coûteux", l’effet de structure représente deux tiers de la croissance du volume d’activité. Entre 2009 et 2011, les effectifs de séjours de niveau de sévérité 1 (niveau le plus faible) ont baissé de plus de 300 000 alors que ceux de niveau 2, 3 et 4 ont augmenté respectivement de 70 000, 17 000 et 62 0000. Derrière ces chiffres, le rapport salue "une meilleure prise en compte de l’état de santé des patients, notamment des plus âgés", attribuable à"un codage plus fréquent des comorbidités", tout en dénonçant la Tarification à l’acte (T2A), dont "l’incitation tarifaire optimise la facturation par ce biais".
À la lumière de ces nouvelles données, l’assurance maladie tient donc à nuancer l’importance donnée à la démographie dans l’augmentation de l’activité des hôpitaux. Aussi, elle invite à "s’intéresser aux pratiques de soins et au bénéfice qu’elles apportent à la population" et à repenser "la pertinence des stratégies médicales ainsi que la problématique du rapport coût/qualité des soins". La proposition n°9 du rapport va par ailleurs dans ce sens : en incitant à l’amélioration de la prise en charge des personnes âgées en sortie d’hospitalisation, l’assurance maladie entend bien se passer de"réhospitalisations fréquentes dont l’évidence scientifique montre qu’elles pourraient être évitées".
Agathe Moret

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