Menaces sur le système de santé britannique
David Belliard
Alternatives Economiques n° 300 - mars 2011
Le Premier Ministre britannique, David Cameron, et son ministre de la Santé, Andrew Lansley, viennent d'annoncer une ambitieuse réforme du système de santé britannique, le National Health System (NHS). Ils souhaitent transférer 80 % des 100 milliards de livres du budget du NHS à des représentants des médecins généralistes. Ceux-ci seraient réunis au sein d'environ 500 consortiums locaux, dont l'objet serait d'acheter des prestations de santé et les médicaments auprès des hôpitaux ou autres centres, pour le compte de leurs patients. Les conservateurs espèrent ainsi coller au plus près des besoins sanitaires locaux. Leur objectif est de réduire de 1,9 milliard de livres par an, dès 2015, les coûts de fonctionnement des administrations régionales qui gèrent aujourd'hui le budget du NHS.
En outre, le gouvernement britannique souhaite introduire plus de concurrence entre les prestataires publics de soins, tout en impliquant davantage les acteurs privés. Pour cela, les hôpitaux seront transformés en entités indépendantes d'ici à deux ans et deux instances seront créées pour réguler la concurrence, d'une part, et le contrôle qualité, de l'autre. Le gouvernement estime ainsi pouvoir limiter l'augmentation annuelle du budget du NHS et améliorer sa performance d'ensemble.
Le NHS, dont le niveau de satisfaction enregistré auprès des Britanniques s'est fortement amélioré ces dernières années, assure aux patients la gratuité des soins. Il compte 1,7 million d'employés et gère huit patients par seconde, ce qui en fait l'un des plus gros services publics du monde. Les mesures annoncées par le gouvernement surprennent donc, et font craindre une grave désorganisation du système de soins, mais aussi, à terme, sa privatisation.
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